Traduction de Jacques Dalarun
Préface d’Attilio Bartoli Langeli
Septembre 2019
« Il ne s’agit pas ici d’histoire du livre ou du document. Il ne s’agit pas d’histoire des textes, d’histoire de la culture intellectuelle ou d’histoire des cultures populaires, pas même d’une histoire de l’écriture ou des écritures stricto sensu. L’aire disciplinaire qui nous intéresse est ou aspire à être plutôt une histoire des processus et des pratiques de fabrique et d’usage des produits écrits, quelles que soient leur nature et leurs fonctions, y compris (voire surtout) dans leurs dimensions anthropologiques et sociales les plus remarquables et les plus significatives. Du fait de ce choix épistémologique assumé, cet ouvrage, alternant réflexions et exemples, se présente comme une invitation à considérer les témoignages écrits (isolés ou en série, anciens ou récents, élégants ou relâchés, publics ou privés, exposés à la vue de tous ou cachés) comme autant d’épisodes d’un des chapitres les plus riches et les plus passionnants de l’histoire de l’humanité : celui de ses expressions écrites. »
INTRODUCTION
« C’est – ou cela aurait voulu être – une micro-histoire, l’histoire d’un métier et de ses défaites, victoires et misères, telle que chacun désire la raconter lorsqu’il sent près de se terminer sa propre carrière, et que l’art cesse d’être long. », Primo Levi, Le système périodique.
« Mon travail est un travail qui dit quelque chose sur quelque chose d’autre. », Saul Steinberg, Ombres et reflets.
Le domaine de recherche – ou, si l’on préfère, l’aire disciplinaire – dont relève ce livre est la « paléographie ». Mais quelle paléographie ? S’agit-il de la discipline traditionnelle, la « science des écritures anciennes, à l’exclusion toutefois des écritures portées sur des monuments » comme la définissait Luigi Schiaparelli en 1935 ? Ou de la paléographie « globale » dont se réclamait dès 1952 le grand et original savant que fut Jean Mallon, celle qui « doit s’occuper des monuments graphiques de toute nature et, dans chaque cas, d’une manière totale » – autrement dit, en prenant en compte tous les témoignages écrits d’une tradition culturelle et linguistique donnée ?
Le choix dont se prévaut le présent ouvrage est, sur la lancée de Jean Mallon, celui d’une discipline qui se veut une véritable « histoire de la culture écrite » et qui, par conséquent, s’occupe de la production, des caractéristiques formelles et des usages sociaux de l’écriture et des témoignages écrits dans une société donnée, quels que soient par ailleurs les techniques et les matériaux utilisés. Pour citer encore Mallon : « Le champ est immense, si vaste que personne au monde ne pourrait prétendre l’explorer totalement. On ne peut qu’y vagabonder. De ces vagabondages, on reviendra toujours en ramenant quelque chose avec soi. »
Un domaine de recherche peut se définir non seulement par son objet, mais aussi par sa méthode : dans notre cas, il s’agit de la méthode « indiciaire » du relevé, puis de l’analyse formelle et comparative des caractéristiques graphiques et matérielles de chaque témoignage écrit pris en compte. Une aire disciplinaire se définit encore par la liste des questions qu’elle se propose d’affronter au fil de la recherche. En ce qui nous concerne, on peut les résumer de la manière suivante :
1. Quoi ? En quoi consiste le texte écrit que nous devons transférer dans le code graphique qui nous est familier, par la double opération du déchiffrage et de la transcription ?
2. Quand ? Quelle époque ce texte a-t-il été porté dans le témoin que nous sommes en train d’étudier.
3. Où ? Quelle est l’aire culturelle, quel est le lieu plus précis où s’est effectué le travail de copie ?
4. Comment ? Avec quelles techniques, quels instruments, sur quels matériaux, selon quels modèles ce texte a-t-il été consigné ?
5. Qui ? Quel milieu socioculturel appartenait le scribe et quelle était, à son époque et dans son milieu, la diffusion sociale de l’écriture ?
6. Pourquoi ? Quelle était la finalité spécifique de ce témoignage en particulier et, au-delà, quelle pouvait être, en son temps et en son lieu de production, la finalité idéologique et sociale de l’acte d’écrire ?
Le domaine de recherche que j’ai, jusqu’à présent, tenté de définir en positif peut aussi être défini par la négative. Il ne s’agit pas d’histoire du livre ou du document ; ni d’histoire des textes, d’histoire de la culture intellectuelle ou d’histoire des cultures populaires ; pas même d’une histoire de l’écriture ou des écritures stricto sensu. L’aire disciplinaire qui nous intéresse est ou aspire à être plutôt une histoire – toujours renouvelée par la confrontation directe avec les fragments d’écriture du passé – des procédures et des pratiques de fabrique et d’usage des produits écrits, quelles que soient leur nature et leurs fonctions, y compris – voire surtout – dans leurs dimensions anthropologiques et sociales les plus remarquables et les plus significatives. Du fait de ce choix épistémologique assumé, notre petit livre, alternant réflexions et exemples, se présente comme une invitation à considérer les témoignages écrits – isolés ou en série, anciens ou récents, élégants ou relâchés, publics ou privés, exposés à la vue de tous ou cachés – comme autant d’épisodes d’un des chapitres les plus riches et les plus passionnants de l’histoire de l’humanité : celui de ses expressions écrites. Notre ouvrage aura atteint son but si ses lecteurs ne peuvent plus, après l’avoir lu, jeter un regard indifférent ou distrait sur une tablette de cire, un manuscrit médiéval, un livre imprimé, un graffiti ou une affiche, s’ils ne peuvent plus considérer ces objets sans se poser une série de questions et sans affronter une série de problèmes : ceux-là mêmes que ces pages, pour quiconque voudra bien les feuilleter, vont tenter de soulever et d’illustrer.
Selon Giorgio Raimondo Cardona, historien des écritures et des langues, « l’écriture peut être tout ce que nous serons en mesure d’y lire », surtout ce qui a trait aux êtres humains qui l’ont utilisée et au monde dans lequel ils ont vécu. Il vaut vraiment la peine de s’en occuper, même en vagabondant. C’est ce que j’ai fait toute ma vie et j’y ai pris un immense plaisir.
SOMMAIRE
Préface
Introduction
1. Lieux et espaces
2. Écrire ou pas
3. Pouvoir ou liberté
4. Typologies et fonctions
5. Techniques et modalités
6. Écrire à…
7. Textes écrits, perdus, retrouvés
8. Conserver la mémoire
Bibliographie
Illustrations
Armando Petrucci (1932-2018) est un paléographe et médiéviste italien, considéré comme l’un des plus grands spécialiste de l’écriture du XXe siècle.
160 p.

Revue Les Saisons n°3
Hmm ! - C. de Trogoff
Censored n°05 - Transmission
Comic Book (Untitled) - Stéphanie Leinhos
Nebulae - Aude Barrio, Néoine Pifer
Vanishing Workflows - Xavier Antin
Revue Brute #6 Jacques Lennep - OR BOR
< - Gabriel Kuri
Dark optics - David Claerbout
Black Case Volume I and II: Return From Exile - Joseph Jarman
Piano - Joseph Charroy
Une idéologie pour survivre – Débats féministes sur violence et genre au Japon - Ueno Chizuko
Assembly - Sam Porritt
Burning Images, A History of Effigy Protests - Florian Göttke
Atopoz - Collectif
Talweg 6 - La distance
il y avait une ville - Laeticia L'Heureux
Land Dyke(s) - Oregon Lesbian Lands - Louise Toth
Le déclin du professeur de tennis - Fabienne Radi
Odette - Benoît Le Boulicaut
Watch out - Anne-Émilie-Philippe
La Bascule – 15 jours ressentis 100 ans - Jean Chauvelot & Aymeric Swiatoka-Novais
Pilote - Mathilde Sauzay
Saint Julien l'hospitalier Tome 2 - Claire Pedot
Good Company - Paul Van der Eerden
La beauté d'une musique qui ne compte pas - Kenneth Gaburo
Sex with you s**** - Melody Lu
love forever - Victoria Hespel
Home Cinema - Sarah-Louise Barbett
Objets Minces - Collectif
Dernier royaume - Quentin Derouet
Fluent - Laëticia Donval
Syrtis Major - Barbara Meuli, Antoine Fischer
Spécimen Typographique : No Ko - Loris Pernoux
Slanted 30 - Athens
Saint-Julien l'hospitalier Tome 4 - Claire Pedot
Oasis - Stéphane Ruchaud, Christophe Honoré
Vacuité 9090 - Jérémy Piningre
Unearth 001 - Shun Kadohashi
Tierra Mágica - Yannick Cormier, Candice Moise
Inchiostri + Inchiostri Supplement - Ronan Bouroullec
УYY - Yelena Yemchuk
Jolie vue, mauvais présage - Jérémie Gindre
Le corps travesti - Michel Journiac
Sights - Henry McCausland
Le blanc nez - Fouss Daniel
Ellipse - Ismail Alaoui-Fdili
Le Patou, la pomme et son jus - Robin Garnier-Wenisch
Papier magazine n°06 - Coupe du monde
Saint Julien l'hospitalier Tome 3 - Claire Pedot
Escape - Makiko Minowa
Expériences pédagogiques Workshop La Plata 01. - Collectif - Zeug
STICK(ER), IT TO THE MAN. A Radical Form of Publishing and the (re)claiming of public space - Matt Plezier and Gloria Glitzer
Musée des Beaux-Arts - Pierre Martel
Photographic Fields - Joël Van Audenhaege
Une généalogie des grandes oreilles - Lauren Tortil
Prélude - Julien Gobled
ICCMHW - Atelier Choque Le Goff
Aurore Colbert - Marie Mons
To dance with the devil - Mickael Vis
Flux, une société en mouvement - Coll.
La France de tête - Lot de 4 numéros
Inventer l'école, penser la co-création - Marie Preston
Blanche Endive - Grégoire Motte & Gabriel Mattei
L'amour/Mon ange - Brûle et / Demange - Samoth Trauberchel
Derby - Editions Passe en Profondeur
Critique d'art n°56
À partir de n°1 - Coll.
Sans titre - Benjamin Hartmann
Pas vu Pas pris - Collectif, Olivier Deloignon, Guillaume Dégé
Holy Mountain - Païen
Figures - Lucas Blalock
Ar(t)chitectures situées - Étienne Delprat
La nuit, tu mens - Ambre Husson
Après la révolution – numéro 1
Parallélisme - Nicolas Nadé
Gone - Pierre La Police
Failles - Laura Bonnefous
Tomber dans l'escalier - Jasper Sebastian Stürup
Rocher du Ciel - Martin Desinde
Grains. - Bérénice Béguerie
À partir de n°4 - Collectif
Roven n°4
Gros Gris n°4 - Duel
Dans la Lune - Fanette Mellier
point vernal -
IUZZA. Goliarda Sapienza - Francesca Todde
Entrez sans sonnet - Julie Redon
Prose postérieure - Les commissaires anonymes
12345678 - Maya Strobbe
Feminist Art Activisms and Artivisms - Katy Deepwell (ed.) 

