Ces 50 poèmes sont autonomes mais forment une série qui se complète au fil des pages.
Les textes de Pauline Picot affirment un « je » auquel le lecteur ou la lectrice peut s’identifier. Le livre est conçu dans un petit format, pour être mis contre soi, glissé dans une poche, un sac, objet « à taille humaine » pouvant être facilement transporté. Un jeu graphique avec la silhouette de Pauline Picot, dont le travail d’autrice et de performeuse est étroitement lié au corps, se déploie sur les pages de gauche, en regard du poème, affirmant son mouvement vers le lecteur jusqu’à engloutir la page et de dissoudre dans une forme abstraite.
Je viens vous annoncer qu’il reste
Sept poissons dans la mer
Dix-neuf euros pour la fin du mois
Cents trois maisons en feu dans le paysage
Mais qu’il reste également
Huit mille combinaisons de nos corps
Les possibilités sont donc encore
Relativement ouvertes
—
J’ai cligné de l’œil
Et entre-temps les gens
Avaient fait des enfants
—
L’enfant ne dit plus kodoban
Le numéro n’est plus attribué
Ce plat ne figure plus au menu
Ton amoureux de CP s’est tué
Nous ne prenons plus les chèques
L’ancienne gare n’est plus desservie
Ta mère ne tresse plus tes cheveux
Ce document n’est plus au format papier
Tu ne sais plus conjuguer l’allemand
Ils ne les font plus dans cette couleur
Votre sentier secret a été condamné
Le pas de porte a changé d’enseigne
Nous ne donnons plus d’échantillons
Ce produit est désormais interdit
Tu ne reconnais plus son rire
Les fêtes ne se font plus ici