En janvier 2009, Marseille a été recouverte durant deux jours d’une épaisse couche de neige. Au même moment un changement s’est opéré dans le travail de Gérard Traquandi. Comme si l’ensemble des recherches de l’artiste se trouvait condensé et remis en jeu par la maîtrise et la libération d’une technique picturale – notamment l’empreinte et le report – mais toujours avec le plaisir de la permanence du motif. Ce livre retrace ce cheminement. La dialectique subtile, perceptible dans l’œuvre, entre les dessins et les toiles peintes se détaille progressivement au lecteur : le même souci exploratoire des formes de la nature s’incarne dans ces deux activités, qui contrastent par leurs moyens, pour mieux cerner leur objet commun. L’exploration, de la feuille par le crayon, de la toile par la marque et l’encrage, est animée d’un seul et même motif, poursuivi respectivement par le moyen de la trace et de l’empreinte; celui, baroque, de la transitivité. Baldine Saint Girons nous offre, dans le texte qui accompagne les images des oeuvres, plusieurs pistes pour saisir ce qui anime ce travail de levée de traces, cet effort de tracé, cette mise en contact de l’acte et de la matière. Son texte est une méditation magistrale sur les places respectives de l’empreinte et de la trace dans l’art humain. Sur ce fonds universel, la singularité du travail de Gérard Traquandi est élucidée avec une grande générosité.
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Gérard Traquandi, né en 1952 à Marseille, vit et travaille entre Marseille, Aix-en-Provence et Paris; est représenté par la Galerie Laurent Godin et la Galerie Catherine Issert. Baldine Saint Girons, membre de l’Institut universitaire de France et professeur de philosophie à l’université de Paris Ouest, a récemment publié La Pietà de Viterbe (Passage d’encre, 2010), Le pouvoir esthétique (Manucius, 2009), L’acte esthétique (Klincksieck, 2008), Les marges de la nuit – Pour une autre histoire de la peinture (L’Amateur, 2006), Le sublime de l’Antiquité à nos jours (Desjonquères, 2005), Les monstres du sublime – Victor Hugo, le génie et la montagne (Paris-Méditerranée, 2005).
272 pages