« Si on cantonne le regard sur le dessin en bande au cadre historique général du dessin, si on rabat l’écriture en bande sur d’autres processus fictionnels, en bref, si on persiste à combiner les théories de l’image et celles de la littérature pour répondre à la stérile convention de tenir la bande dessinée pour une littérature dessinée au lieu d’en éclairer la visualité inédite, on rate ce que l’oeuvre de Ware comme tant d’autres fait apparaître au grand jour, une histoire unique qui manque jusqu’ici ses propres objets faute de produire son propre outillage et son cadre conceptuel. »

Précédemment publié dans le n° 8 de la revue Pré Carré, intégralement consacré à l’analyse de l’œuvre de l’un des auteurs les plus incontournables de la bande dessinée contemporaine, Ce trou noir duquel naquit Chris Ware est le sixième texte théorique de L.L. de Mars publié chez Adverse.
Nourri de connaissances très précises en histoire de l’art autant que de sa propre pratique du dessin en général et de la bande dessinée en particulier, l’essayiste livre ici une proposition théorique bien plus ample que son seul objet d’étude. Partant de l’observation scrupuleuse de la variété des modèles de représentation au travail dans le riche corpus warien, frappé par la manière dont celui-ci brutalise l’académisme pictural par des télescopages a priori inconvenants, L.L. de Mars développe une analyse notamment ciblée sur les rapports entre avant et arrière-plan, pour laquelle la référence aux spécificités du dessin animé en général, et des cartoons en particulier, s’avère déterminante. Ce faisant, l’essai soulève un biais fertile pour envisager certaines des spécificités du dessin en bande, parmi lesquelles son rapport singulier et autonome à la modernité.
« Ce que nous envisageons comme écart pour regarder la peinture de Picabia dans son champ, essayons de nous y inviter pour regarder les lignes de Bushmiller ou de Soglow dans leur champ ; dégageons-nous des attentes fonctionnelles au service desquelles jusque-là on estimait la valeur de sidération d’une image, et comprenons alors que ces tours violents que la peinture peut jouer à son académie, c’est avec la même hypnotique variété insistante que le dessin de Herriman ou de Segar nous invite à regarder des lignes scandaleuses jusqu’à nous y perdre. »
Écrivain, essayiste, vidéaste, musicien, peintre, dessinateur et auteur de bande dessinée, L.L. de Mars est un artiste au sens fort du terme, infiniment curieux et résolument expérimental. En bande dessinée, il est particulièrement actif depuis une vingtaine d’années et a signé des dizaines de livres chez une bonne part des éditeurs dits « alternatifs ».

movement in squares - Stefanie Leinhos
Une généalogie des grandes oreilles - Lauren Tortil
Dernier royaume - Quentin Derouet
Le blanc nez - Fouss Daniel
Gros Gris n°4 - Duel
Idoine & Nayoung Kim
Le Choix du peuple - Nicolas Savary, Tilo Steireif
Tanière de lune - Maria-Mercé Marçal
Aristide n°4
Espaces intermédiaires - Éliane Radigue et Julia Eckhardt
America - Ayline Olukman, Hélène Gaudy
Délié - Baptiste Oberson
Strates & Archipels - Pierre Merle
Darkest Night - Joel Van Audenhaege
Dédale - Laurent Chardon
ICCMHW - Atelier Choque Le Goff
Retour d'y voir - n° 3 & 4 - Mamco
interférence - 2 - maycec
Les Grands Ensembles - Léo Guy-Denarcy
Grilles - Zelda Mauger
Cruiser l'utopie – L'après et ailleurs de l'advenir queer - José Esteban Muñoz
Le style anthropocène - Philippe Rahm
A l'origine - Anne-Émilie-Philippe
Manifeste d'intérieurs ; penser dans les médias élargis - Javier Fernández Contreras 



















