
Et puis, en levant les yeux, on a vu d’autres cercles. Le cycle des saisons recommence inlassablement. Le soleil se lève, se couche, revient. La lune grandit, disparaît, renaît. Ces rythmes naturels, dont la forme et toujours le cycle, ont donné naissance à une autre invention humaine qui ne cesse de tourner depuis : le temps ! Depuis qu’on le mesure avec des horloges, le temps réussit l’exploit de tourner tout en avançant. Car on pourrait croire que tourner, c’est répéter, qu’on est condamné à revenir toujours au même point. Mais c’est faux. La rotation est une avancée. Chaque tour nous emmène ailleurs. Chaque cycle, même s’il semble identique, est en fait une variation, une nouvelle étape. C’est une boucle qui n’est jamais fermée – en tout cas, c’est comme ça qu’on a voulu le regarder dans ce nouveau numéro de Tools.
Il y a quelque chose de vertigineux dans cette idée. Parce que si tout tourne, alors rien ne s’arrête vraiment. Le temps file, inexorable. Sur le cadran des horloges, les aiguilles dessinent des cercles implacables. C’est le rappel que tout passe, que tout se transforme. Que nous aussi, nous sommes pris dans ce grand mouvement : notre propre existence est une révolution, un cycle avec un début et une fin. Comme un vinyle dont l’aiguille suivrait inlassablement les sillons, jouant encore et encore la même mélodie, mais jamais exactement la même chanson.
Le corps humain, lui aussi, peut se mettre en rotation. Les danseurs connaissent bien ce vertige. Ceux qui, en tournant sur eux-mêmes, défient la gravité, jouent avec l’équilibre, créent du mouvement à partir de leur propre inertie. Regardez un patineur qui accélère sa rotation en rapprochant ses bras de son corps, un danseur de pole qui joue avec sa barre grâce à la distribution de son poids autour de l’axe de rotation. Jouer de ce vertige pour en faire une source de création et d’expression, voici une des belles choses que savent faire les humains.
Même nos pensées suivent cette logique de rotation. D’une idée qui traverse notre esprit, repart, revient plus tard sous une autre forme, on dit qu’elle « tourne en boucle ». Et ce n’est pas forcément négatif : revenir sans cesse sur les mêmes intuitions, les mêmes images, c’est aussi une manière de leur impartir le temps de trouver la forme parfaite, comme une boule d’argile sur un tour de potier.
Ce numéro de Tools est le plus mouvant à ce jour. Il bouge, il tourbillonne, il oscille, il nous donne presque le tournis. Il s’inspire de la nature mais aussi de la main de l’homme qui, depuis toujours, accompagne et dompte le mouvement. Un numéro un peu mystique où on laisse l’univers nous rappeler qu’au fond tout n’est qu’une question de rotation.
Alors, accrochez-vous, et venez tourner avec nous.

Le dos des choses - Guillaume Goutal
ICCMHW - Atelier Choque Le Goff
WREK The Algorithm! - Aarnoud Rommens, Olivier Deprez - FR
The Book Fight - Chihoi
Dileydi Florez - Survival Mode
Pureté et impureté de l’art. Michel Journiac et le sida Antoine Idier
Rois de la forêt - Alain Garlan
Télégraphes de l'Utopie – L'art des avant-gardes en Europe Centrale 1918-1939 - Sonia de Puineuf
Mökki n°4
PLAZA - Yûichi Yokoyama
Saveurs imprévues et secrètes - Gilbert Lascault
š! #39 'The End' - coll.
Marcel Proust en cinq minutes — Jackson B. Smith
Prose postérieure - Les commissaires anonymes
movement in squares - Stefanie Leinhos
Tomber dans l'escalier - Jasper Sebastian Stürup
Promenade au pays de l'écriture - Armando Petrucci
La tour Tatline - Georgi Stanishev
Il était deux fois - Gary Colin
Retour d'y voir - n° 1 & 2 - Mamco
Le vieux père - Laurent Kropf
Grilles - Zelda Mauger
Poétique d'une introspection visuelle - Jean-Charles Andrieu de Levis, Alex Barbier
Le déclin du professeur de tennis - Fabienne Radi
De lave et de fer - Laurent Feynerou
Avec ce qu'il resterait à dire - Anne Maurel
L'arum tacheté de J-M. Bertoyas
Retour d'y voir - n° 3 & 4 - Mamco
Holy etc. - Fabienne Radi
Lili, la rozell et le marimba / revue n°2
9 octobre 1977 - Roberto Varlez
Les danseurs du Balajo - 2017-2018 - Carole Bellaïche
HOOT #5 - Grégoire Devidal, Agathe Boulanger et Gwendal Raymond. 









