Mrioir, Mioirr, manifeste politique en faveur d’une langue inclusive, est le récit d’une histoire d’amour naissante entre deux jeunes personnes du milieu artistique, Sam et Maggie, de leurs échanges de petits mots, de textos, de rendez-vous, d’attentions et de sandwichs.
L’autrice, Carla Demierre, combine dans Mrioir, Mioirr, une large palette de propositions portées par diverses communautés de locuteur·trice·x·s. Certains signes sont visibles, comme l’usage de pronoms neutres tels que iel ou ael, d’autres sont plus discrets, tels les mots épicènes ou l’accord de proximité. Les interventions sont d’ordre syntaxiques ou grammaticales, mais également parfois graphiques, avec l’emploi pour certains passages de lettrages inclusifs – où les marques de genre se superposent en une seule lettre – créés par le jeune graphiste Tristan Bartolini.
Cet ouvrage est enfin un tour de force poétique et formel, où la langue, mais aussi la linéarité de la narration sont retournées comme un gant, par l’intermédiaire d’ajouts de fragments (dessins, commentaires de blog météo, sms, mots doux échangés, livre dans le livre) ou la structure narrative en miroir, le récit étant porté successivement par Maggie puis Sam.
Toutes ces opérations laissent deviner que Carla Demierre envisage l’inclusivité, et la plasticité qu’elle implique, au-delà de la question du genre, comme un processus de création et un mode d’expression à même d’interroger et de renverser une série de systèmes hiérarchiques. La transgressivité du projet tient à sa dimension ludique même ; le plaisir que prend l’autrice à démanteler les règles de composition unitaires ou binaires d’un texte est communicatif : il donne envie d’en faire de même.
Une postface dans laquelle Carla Demierre explique comment elle a rédigé son texte accompagne le récit. Elle y aborde son rapport personnel au sujet et y liste ses influences littéraires à l’exemple de l’écrivaine Maggie Nelson et linguistiques tel que le lexique de genre neutre proposé par Alpheratz. Au-delà de ces références, ce livre est singulièrement marqué par les interrogations soulevées par la communauté étudiante de la HEAD – Genève au sujet des modalités d’expression du genre. Il en a émané récemment de nombreux travaux et débats qui témoignent du besoin de réinventer par la langue un spectre qui dépasse la binarité.

Syrtis Major - Barbara Meuli, Antoine Fischer
Sébastien - Antoine Orand
Entrez sans sonnet - Julie Redon
Barrage de Sarrans - Sandrine Marc
Echangisme et Seconde main - Fanny Laulaigne
Vacuité 9090 - Jérémy Piningre
AMONG THE TREES - LIVIA DE MAGISTRIS
Pectus Excavatum - Quentin Yvelin
Les Climats II (Japon) - Lola Reboud, Mariko Takeuchi
Eurob0ys Crysis - Massimiliano Bomba, Leon Sadler, Yannick Val Gesto
Cheat Sheets - Tiger Tateishi
The Shelf - Journal 3
Aristide n°4
Gros Gris n°4 - Duel
Vers Vermersch - Thomas Dunoyer de Segonzac
Rocher du Ciel - Martin Desinde
Un essai sur la typographie - Eric Gill
Followers - Agnès Wyler
A R N O R D I R - FLorian Marciourt
Sillo n°3 - Le Fauve
Censored n°05 - Transmission
Tout va bien - Vera Muratet
Je ne peux pas ne pas - Geneviève Romang
Saint Ferreol - Trente plats - Jérémy Piningre & Aëla Mäi Cabel
Amos Gitai et l'enjeu des archives - Jean-Michel Frodon 

