3 CAHIERS DE 48, 52 ET 60 PAGES SOIT 160 PAGES AU TOTAL
CAHIER 07A
CAHIER 07A
Le premier cahier présente les travaux de trois photographes qui explorent, de manières radicalement différentes, le rapport à leurs origines.
Le belge David Ameye tente de questionner le rapport métaphorique qu’il peut encore entretenir avec une terre et des origines dans lesquelles il ne se reconnaît plus. C’est par le biais d’une recherche sur la matière photographique même, qu’il fouille, gratte, écorche et rature ; d’une altération qui va toucher le support jusque dans son épaisseur physique, que se matérialise toute l’ambiguïté de son rapport à une terre, celle de ses parents, qu’il ne connait pas, mais avec laquelle il entretien tout de même un rapport complexe d’attraction, de rejet, et d’amour, dans laquelle il espère pouvoir se retrouver lui même.
C’est un autre versant de la question de l’écho avec les origines qu’explore le photographe polonais Tomasz Laczny dont le travail établi un parallèle entre son histoire personnelle et la reconstitution de celle de ses grands parents. A travers une grand mère allemande tombée amoureuse d’un polonais, d’une famille qui a connu les migrations et les séparations forcées de la fin de la seconde guerre mondiale, Thomasz, lui même exilé en Angleterre, explore l’histoire d’une perte d’identité, de famille et de pays face à des événements historiques traumatisants. Il nous livre un travail de reconstitution, patient et obsessionnel, où la frontière entre images d’archives et roman familial se brouille. Une série réalisée avec des procédés artisanaux de fortune qui ouvre et nourrit des perspectives sur la matérialité des images, notre rapport aux souvenirs, et au souvenir de ceux qui ont disparu.
Enfin, Sabrina Bianccuzi, propose à travers L’Arcane sans nom, un travail de résilience photographique entamée peu avant son accouchement. A travers l’exploration de son album de famille, elle finit par endosser l’identité des photographes, le plus souvent anonymes, qui l’ont composé, et remonte ainsi le temps pour résoudre une énigme familiale dont les conséquences pèsent sur les femmes de sa famille. C’est à travers cette enquête méta- généalogique qu’elle parviendra à se libérer, et libérer ses descendants, d’un leur passé familial tacite et oppressant.
CAHIER 07B
Le second cahier, prolongeant l’expérience réjouissante déjà conduite avec la série « XA Love » de l’un de nos anciens numéro, est consacré à une correspondance photographique entre les photographes Damien Daufresne et Martin Bogren.
Ces deux photographes, qui appartiennent au courant de la Trembling Photography, sont tous les deux membres du projet Temps Zéro. Ils ont choisis de piocher dans leurs importantes archives photographiques respectives pour entamer une conversation visuelle inédite. Il résulte de cette correspondance construite au fil de l’eau, image après image, sur une recherche de sensation et de matière, un jeu de résonances et une envie d’aborder le monde d’un point de vue sensitif et introspectif qui construisent un port folio créateur d’un sens nouveau, et révélateur du lien qui les unit.
A travers les formes dissolues, les ombre et le grain marqué, caractéristiques de la Trembling Photography, ce dialogue nous projette dans un espace-temps parallèle, onirique et décalé, tenant à la fois de l’exploration sociale et de la projection post-apocalyptique, dans un univers visuel riche de textures, d’atmosphères, d’ambiances et de sensations teintés de désespoir et d’humanisme.
CAHIER 07C
Ce troisième cahier est consacré aux « photonomes » (contraction de photographe et d’autonomes), ces photographes de culture classique, généralement issus de formations académiques et ayant exercés professionnellement, qui ont choisi, pour diverses raisons, de sortir des sentiers de la pratique traditionnelle.
Ces choix – artistiques autant qu’éthiques – les ont conduits à délaisser la prise de vue et les tirages orthodoxes pour s’aventurer sur des chemins laissés en friche par les pionniers de la photographie pré industrielle, jusqu’à parvenir à fabriquer leurs propres dispositifs photographiques, supports, émulsions, et tirages.
Guidés par une envie d’indépendance et un fort goût de l’expérimentation, Pascal Bonneau, Didier Derien et Anthony Morel partagent le fait de vivre dans le sud, et d’avoir mis au points leurs propres matériels et dispositifs photographiques.
De la suppression de l’appareil au profit d’une chambre-noire-scanner pour faire des tirages non argentiques avec des techniques issues du XIXe siècle (Pascal Bonneau), à la mise au point de sa propre émulsion artisanale sur papier (Didier Derien), en passant par la fabrication de dispositifs de capture sur le lieu même de la prise de vue de chaque image avec les moyens trouvés sur place (Anthony Morel), ces trois artistes parcourent les chemins d’une photographie marginale et autonome qui délaisse l’acquisition d’un matériel technique et industriellement produit au profit d’une expérience esthétique et poétique pure, vécue au contact du sujet et de la matière, restituée par la seule force de l’expérimentation et du savoir faire, pour produire des photos toujours plus pures ou toujours plus brutes, porteuses d’une charge matérielle et poétique contraignant le regardeur à pénétrer dans l’image, jusqu’à s’y perdre de vue.