Si l’événement a dû trouver d’autres modes d’existence – du storytelling aux imprimés qu’il a générés – ce sont ses vecteurs et rapporteurs indirects qui ont donné corps au projet d’édition : pièces de l’exposition, mais aussi cartons et affiches d’invitation, newsletters, fiches de salles, cartels, catalogues, photographies, archives, etc.
L’accrochage in situ et la maquette du livre ont été réalisés par les trois artistes comme une seule entité créatrice. Dès lors, le livre procède à une mise en commun de leurs pratiques qui se retrouvent ici dans une même égalité de traitement. Construit de façon instinctive, il propose différentes compositions obtenues par collages ou juxtapositions d’images, d’œuvres et d’objets issus de leurs répertoires respectifs.
En prolongeant l’exposition dans l’espace de la page, la publication fonctionne à la fois comme un catalogue de leurs imprimés, précisément réunis au CLA, et un livre d’artiste hybride construisant un dialogue d’images. Forsythia, Lilac and Geranium intègre son contexte de production et déjoue les hiérarchies en mettant sur le même plan rétrospective et création, édition et exposition, production individuelle et démarche collective. L’espace imprimé est alors conçu comme une alternative discrète et adaptative aux formes traditionnelles de monstration de l’art et à ses contraintes actuelles. Ce livre-exposition – qui convoque dans son sillage certaines figures historiques du renoncement à l’exposition, comme Robert Barry ou Seth Siegelaub – est donc à considérer tant comme une pièce appartenant à cette dernière que comme l’unique manifestation concrète de cet événement fantôme.