À l’ est de la ville de Thouars, proche de la tour du prince de Galles, le sénéchal Louis Tyndo construit le premier corps de son hôtel particulier. Chaque siècle, s’ajoute à la grande maison de la Renaissance une aile nouvelle pour accueillir un nouvel usage : habitation, caserne, prison, école, centre socioculturel. L’ensemble est aujourd’hui rénové pour loger le Conservatoire de musiques et de danses. Le temps de cette reconversion est une occasion pour inventorier ce qui va disparaître : les traces laissées par les écolières, les ouvriers, les prisonniers, les soldats, les passants. Des bribes de phrases, des notes de chantier, des noms, des initiales, des signes inintelligibles, des figures muettes; voilà ce que consigne ce livre. Ces traces, Simon Boudvin les photographie et les retranscrit selon les conventions épigraphiques pour composer une poésie concrète, un récit chaotique, synthèse des écrits de l’édifice. Le texte assemble ce que les usagers ont voulu laisser dans le dur. Les marques de leur passage expriment leurs humeurs, leur malaise et leur nécessité, mais aussi une part de liberté. Ils fabriquent l’esprit des lieux.
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Né en 1979, Simon Boudvin vit et travaille à Bagnolet. Ayant reçu une double formation de plasticien et d’architecte, il est aussi enseignant à l’école d’architecture de Paris-Malaquais.
Son travail plastique s’inspire de la ville, de l’architecture ou des constructions vernaculaires. Sa pratique consiste aussi bien à créer des images d’édifices imaginaires, parfois absurdes, qu’à documenter des reconversions incongrues mais réelles de certains bâtiments. Ses sculptures articulent des réflexions sur l’invention et la circulation des matériaux, sur les techniques de construction et sur l’histoire socioculturelle de l’architecture.
240 pages