EDITO
Les formes contemporaines d’anthropisation et les pollutions qu’elles génèrent, directes et indirectes, surfaciques et profondes, fabriquent des territoires aux identités hybrides.

Cette altération généralisée montre que nous ne pouvons plus idéaliser une forme de nature intacte et nous questionne sur nos manières d’aménager notre environnement. Notre cadre de domestication s’effrite, dévoilant des frontières incertaines entre des mondes supposés naturels et des mondes bâtis.
On constate par ailleurs un phénomène d’assujettissement de périphéries délaissées à des centralités surreprésentées.
Le fantôme, en tant qu’apparition, interroge la frontière entre un réel matériel, supposé authentique, et sa médiation par la représentation. Ces expériences instrumentées sont accentuées par l’essor de nouvelles technologies, entraînant une coexistence de mondes multiples, en rupture avec une réalité concrète et vécue.
Le regard de l’architecte et de l’aménageur a tendance à objectiver les territoires : la mise en scène d’un espace supposément vide génère des fantasmes d’usages, simulant ainsi une réalité territoriale dénuée de sa complexité et des différents points de vue qui la composent. C’est parce qu’ils sont ceux d’autres êtres humains ou autres espèces animales qu’ils sont invisibilisés.
Les territoires fantômes sont les réminiscences qui résistent à cette abstraction, les traces accumulées dans le temps, humaines et non humaines : des surimpressions d’êtres et de mouvements divers qui composent les strates sémiotiques de nos paysages contemporains.
Considérer ces interactions permettrait de faire émerger les co-existences du territoire. Suppléments d’âme de celui-ci, elles témoignent des différentes formes de vie qui l’ont approprié et constituent leur identité latente, base fertile pour le concepteur attentif aux particularités du milieu.
Le CRI #1 propose de restituer la polysémie de ces lieux invisibles afin de développer de nouvelles esthétiques et imaginaires à même d’enrichir la méthodologie de projet.
Les contributeurs de ce numéro ont su capter ces fantômes par la narration, les arts plastiques mais aussi parfois par le déplacement du corps in situ. Un monde vivant expérimenté par une expérience physique directe pour certains, instrumentale et spéculative pour d’autres. Autant de moyens d’effleurer ces fantômes en re-arpentant et re-décrivant ces territoires délaissés.
Sous, Entre, À travers, Au-delà, sont autant d’entrées pour appréhender ces fantômes et déplacer notre regard d’un monde d’objets vers un monde de flux et d’énergie.
L’équipe du C.R.I

Aurore Colbert - Marie Mons
Tempête après tempête - Rebekka Deubner
Pik Nik à Talinn - Thomas Chmp
Deep state - Mathieu Desjardins
Prélude - Julien Gobled
Citrus maxima xparadisi - coll.
Prendre l’image, Le graphisme comme situation politique - Olivier Huz
Syrtis Major - Barbara Meuli, Antoine Fischer
Heads Together – Weed and the Underground Press Syndicate - David Jacob Kramer
An Inventory Of - Daniele Franzella
Titties - Nour Hifaoui
Beatmap - Alex Besikian
Collective Design : Alison & Peter Smithson
Editer l’art – Leszek Brogowski
Gnose & Gnose & Gnose - Aymeric Vergnon-d'Alençon
Karbone Magazine n°8 - Parasite
Phasing Consequence - Louis Reith
52 vendredis — Léonore Emond, Damien Duparc, Yaïr Barelli et Charlotte York
Paravents - Eva Taulois
Philonimo - Le Papillon de Tchouang-Tseu - Alice Brière-Haquet, Raphaële Enjary
Fluent - Laëticia Donval 







