Maintenant que le temps s’est défait, on peut revoir sereinement les photographies de Claude Batho. Il y a dans ce rassemblement, qui n’a rien d’épars et d’hasardeux, un sentiment de durée au-delà des limites d’une vie. L’œuvre a singulièrement bien vieilli. On aimerait tant qu’elle et ses proches se retrouvent dans le nouveau portrait établi ici, plus de trente ans après sa disparition. Car tout paraît simple dans ces images. La photographie s’est voulue la copie conforme de la vie familiale ; une pratique empreinte de tendresse, faite de gestes quotidiens et humbles : quand les images s’attachent à une « réalité » pratique jamais très loin du songe.
[…] Tel est l’effort instinctif de la photographe qui s’ingénie à discerner dans des figures nettes la beauté informelle du monde. C’est son grand mérite. Elle ne se décerne aucune vertu spécifique, ne s’accorde aucun privilège. Elle ne crée aucune situation originale qui ne soit en dehors du réel. Mais elle fait de l’acte photographique un objet original parce que claudiquant, en porte-à-faux. Spectateur, on se reconnaît dans ces images alors que l’objet restera à jamais unique. Le sort d’une photographie réussie est là. Tout est vrai et rien ne l’est. Cet univers unique et autonome a ses propres lois. Il s’impose à nous de telle sorte qu’on ne puisse le discuter.
Cet état que l’on veut protéger précède la catastrophe. L’avenir est une menace. Saisir un cadrage, c’est examiner ce qui nous appartient et dont on ne veut être dépossédé. Ce qui nous est en propre, ce sont ces objets dans leur disposition. Ils se tiennent en eux-mêmes et dans leur différence, ils sont un autre nous. De leur usage, on s’en moque. Leur sens nous échappe. Leur nudité seule importe. Par ce qu’ils convoquent, ils dépassent leur fonction utilitaire pour être simultanément chose et idée. Les objets entrevus portent en eux l’image ancestrale de l’offrande. Il n’y a guère de photographie qui ne soit pas un rituel, un hommage rendu quotidiennement aux puissances vitales.
Par là, Claude Batho se place non face à la nature mais en son centre. Elle pense l’acte photographique dans un face à face avec la perte, sans nostalgie, dans un camaïeu de gris mélancolique.
Extrait du texte de François Cheval
Avec le soutien du Centre national des arts plastiques, ministère de la Culture et de la Communication.
86 pages
Français – Anglais
COUVERTURE TOILÉE
92 PAGES EN BICHROMIE

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