Comment rendre aujourd’hui les institutions plus habitables, plus inventives, plus auto-critiques ? Comment conférer à l’école et au musée des fonctions d’accompagnement et d’élucidation, plutôt que d’explication et d’encadrement ? Un livre d’entretiens avec la curatrice et pédagogue Laurence Rassel, qui développe en pensée et en actes des manières de faire remédiant à ce qui ruine les relations et freine l’émancipation.
Réalisé par un groupe d’artistes – Agathe Boulanger, Signe Frederiksen et Jules Lagrange –, ce livre d’entretiens avec Laurence Rassel a une fonction pratique. Avec les lunettes du féminisme, les outils du logiciel libre, les utopies de la science-fiction et les influences des artistes et des philosophes qui l’ont accompagnée – de Chris Marker à Donna Haraway –, Laurence Rassel, aujourd’hui directrice de l’école de recherche graphique de Bruxelles, développe en pensée et en actes, et surtout avec d’autres, des manières de faire qui remédient à ce qui ruine les relations et freine l’émancipation : les hiérarchies, les héritages subis, le fatalisme. Elle déplace et réactualise les apports de François Tosquelles, Jean Oury et Félix Guattari, qui ont pensé, depuis le champ de la psychiatrie, la thérapie des institutions.
À l’occasion de ses dix ans d’existence, Paraguay crée une collection de livres de poche qui rassemble essais, entretiens et textes de fiction en langue française, en brouillant les frontières académiques entre ces différents genres littéraires.
Paraguay est une maison d’édition connue pour ses ouvrages faits en collaboration avec des artistes contemporains (Prix du jury Festival du livre d’art FILAF 2018).
Avec cette nouvelle collection, de jeunes auteur.es – critiques, théoricien.nes, artistes, écrivain.es – enquêtent sur le monde contemporain, et en rendent compte dans des écritures engagées, sensibles et expérimentales, pour adresser à un large public la question de l’expérience des œuvres d’art comme forme de contribution à un débat intellectuel et politique. La ligne graphique de la collection est confiée à Eurogroupe, Bruxelles (Laure Giletti et Grégory Dapra).
Laurence Rassel est née en 1967 à la frontière entre la Belgique, la France et le Luxembourg, dans un bassin sidérurgique en déclin qu’elle quitte pour faire des études artistiques à Bruxelles. Là, au début des années 1990, elle se prend en pleine figure la différence de classe sociale et le mythe du génie artistique, décliné exclusivement au masculin, que propose l’école d’art. La nécessité d’une forme d’auto-éducation s’impose, qui plantera les fondations de la pratique de Laurence Rassel : la découverte du cyberféminisme, le travail collectif, l’économie précaire et l’amitié surtout. Elle commence sa vie associative à l’organisation Constant, sous les radars institutionnels, où elle s’approprie les idées de l’open source. Cette expérience l’amène plus tard à imaginer l’ouverture des archives de la Fundació Antoni Tàpies à Barcelone, en tant que directrice. Aujourd’hui à l’école de recherche graphique de Bruxelles (ERG), elle porte un projet orienté vers le collectif, le processus et la transmission. Elle redéfinit la notion d’autorité et envisage une institution autonome, où chacun·e a la possibilité d’agir sur la structure. Par son parcours de directrice et de commissaire d’exposition, Laurence Rassel mène des vies, plusieurs à la fois, et s’attache à rendre possible tout ce qui lui a manqué.
Entretien avec Agathe Boulanger, Signe Frederiksen, Jules Lagrange.
Conception graphique : Laure Giletti & Grégory Dapra.
édition française
13 x 20 cm (broché)
188 pages