Les applicatifs du Do It Yourself sont véritablement tentaculaires, de niche, et partagent leur opposition à la massification. Relevant de ce mouvement disparate, on pourra prendre pour exemples l’autoédition, le cosplay, la biotechnologie, le hacking, notamment en programmation informatique, la création artistique, la création musicale.
Sa forme contemporaine la plus médiatique et souvent romancée se trouve dans l’appellation fablabs, et ne saurait couvrir l’ensemble des réalités.
On trouve les prémices du mouvement DIY dans les pages des magazines Popular Mechanics (1902) et Mechanix Illustrated (1928). Forme d’éducation populaire, destinés aux lecteurs des zones périurbaines et rurales – territoires oubliés –, il s’agissait de répondre à un besoin d’autonomie afin de pouvoir réparer des objets manufacturés plutôt que de les racheter.
La fin des années soixante, avec l’émergence de mouvements se fondant sur la conscience des enjeux environnementaux et la défiance envers une société fondée sur la seule consommation, voit apparaître le partage de ressources, parallèlement dans les communautés universitaires, les mouvements hippies en Amérique du nord, punks en Europe. The Whole Earth Catalog, Access to Tools (1968) de Stewart Brand constitue notre point contemporain de référence.
Ce numéro s’ouvre dans le contexte de la monographie consacrée à Gilles de Brock, dont la pratique révèle la mécanique de production Do It Yourself. Les travaux de Gilles ne peuvent être circonscrits à ses seules réalisations, mais sont englobés dans une économie de la transmission déployée dans le manifeste de la contre-culture de Brand, favorisée aujourd’hui par le Web 2.0, contributif.