Titanic Orchestra est une réaction instinctive à la vague de violence qui a frappé Paris en 2015. Comme autant de métaphores, ces images organiques racontent la chute d’un monde et la lutte pour sortir de l’état de sidération qui s’en est suivi. La ville qui est donnée à voir a conservé l’apparence qu’on lui connaît, et pourtant tout est changé. Car après l’impact, le chaos règne, un voile est tombé, le centre de gravité est ébranlé, une nature inquiétante semble avoir repris ses droits.
Cherchant un point d’ancrage à défaut d’une réponse, le photographe décentre son objectif tour-à-tour vers le ciel, vers la terre, vers un objet fugace ou un horizon obstrué. La présence corporelle de l’artiste est ici palpable : il est le sismographe qui enregistre les pulsations de cet univers hallucinatoire. Partout où il regarde, la menace plane : l’engloutissement, la chute, des corps absents, inertes. Sa vision spasmodique bute contre des murs ou des écrans, des débris gisent à ses pieds, les voix se désincarnent dans des hauts-parleurs, et s’il lève les yeux, c’est l’œil aveugle d’une caméra qu’il rencontre. L’irréversible s’est produit mais la pulsion de vie, elle, subsiste. Et c’est dans la réunion avec des corps en résistance, désirants, puissants, que la réparation pourra s’engager.
Julien Mauve, né en 1984 à Saint-Germain-en-Laye, est un photographe et artiste visuel français. Son travail a été récompensé par plusieurs prix dont le SFR Jeunes Talents en 2013 et le Sony World Photography Award en 2016. http://www.julienmauve.com/
80 pages
300 exemplaires