Si ses abstract comics représentent une part importante de sa pratique, l’artiste new-yorkaise Rosaire Appel travaille parallèlement diverses approches, de la poésie visuelle au livre d’artiste, entre expositions et éditions. Pour ce 3e livre aux éditions Adverse (après Intersections et Perturbations), elle prolonge un travail précédemment entamé en direction de la partition graphique (avec Seesongs, Press Rappel, 2012) pour se concentrer cette fois sur la représentation visuelle du son.
Si divers motifs renvoient à la notation musicale, au montage assisté par ordinateur, ou encore à la physique sonore, l’intensité de leurs télescopages provoque une mixité visuelle finalement indémêlable, invitant à privilégier une approche évocatrice plutôt qu’analytique ou opérationnelle.
« J’écoute, et ensuite je dessine. À quoi pourrait bien ressembler quelque chose d’invisible — le son — ? Dans ces dessins (hybrides, entre encre sur papier et usages numériques), je ne transcris pas, j’invente. Ma référence, c’est le son partagé de notre environnement, considéré ici en tant que matériau brut, quand bien même certains de ses aspects ont été civilisés et codifiés — dans la musique et la parole, par exemple. Ces pages appellent à une écoute visuelle — sans que la synesthésie soit recquise pour autant. » (présentation par l’artiste).
Chaînon manquant entre « l’espace de profond silence » (cf. Fragments, bande dessinée, Jérôme LeGlatin, revue À partir de, éd. Adverse) d’une bande dessinée à la recherche d’effets de représentation du sonore, d’une part, et de la composition plastique Plafond de verre de Jean-Luc Guionnet, où le dessin participe activement d’une pensée structurelle du son, d’autre part, Soundtrack/s assoie singulièrement les connivences d’approches abusivement séparées.