« C’est à Saint-Pierre-des-corps que notre entretien a eu lieu, en plein mois de juillet. Nous avions décidé qu’il ne porterait pas tant sur le travail de Jean-Charles que sur les relations amoureuses et sexuelles que celui-ci entretient avec sa production plastique, ses sculptures. Nécessairement, nous allions parler de nos désirs et de l’économie de nos fantasmes. Comme Saint-Pierre-des-corps, “ Jean-Charles de Quillacq ” est un agrégat hétéroclite de noms propres et communs mis bout à bout, qui pourrait contenir plus d’une personne ou connaître des extensions. Elsa Vettier en a élargi les contours. Nous avons retranscrit l’entretien et convenu que nos noms n’apparaîtraient pas au fil du texte car finalement, savoir qui pose les questions, qui joue le jeu, qui se confie, n’a que peu d’importance. »
Né en 1979, Jean-Charles de Quillacq a étudié à l’École des beaux-arts de Lyon et à la Weißensee Kunsthochschule de Berlin. Depuis 2011, quand il était résident à la Rijks-akademie à Amsterdam, il travaille la résine époxy qu’il malaxe comme une « matière psychique ». Il y incorpore d’autres substances comme la nicotine, l’urine, des graisses de poissons, du Viagra, ou encore souffle dessus de l’encre bleue de stylos billes. Cet astreignant travail de la bouche souligne l’importance de l’aspect performatif et de l’oralité dans sa pratique, presque buccale. Il développe des ensembles de sculptures, à la fois conceptuels et fétichistes.
Née en 1990, Elsa Vettier a étudié à l’École du Louvre et à l’Université d’Essex (Royaume-Uni). Elle est historienne de l’art contemporain, commissaire d’exposition et autrice. Elle a travaillé en tant que stagiaire, salariée, bénévole, pigiste et auto-entrepreneure (pas nécessairement dans cet ordre) pour des centres d’art, des revues, des événements et des musées. Depuis 2015, elle écrit à propos des artistes et pour les artistes, au sujet d’expositions et pour leur public. En 2016, elle a vu pour la première fois le travail de Jean-Charles de Quillacq dans l’exposition Je t’embrasse tous à la galerie Marcelle Alix. Depuis, elle nourrit le désir de s’entretenir longuement avec lui, un gros mégot de pain à la main.