Publication regroupant les splendides dessins de l’artiste franco-suédoise Rebecka Tollens. Réalisées à la mine de plomb, ces œuvres inspirées des rêves de l’artiste sont imprégnées d’une atmosphère trouble, entremêlant les thèmes de la mystique nordique, de la sororité et de l’enfance. L’ouvrage met en avant une série consacrée aux Samis, peuple autochtone du Grand Nord.
Publié à l’occasion de l’exposition éponyme à la galerie Arts Factory, Paris, du du 3 mai au 16 juin 2018.
Jeune artiste à la double culture franco-suédoise, Rebecka Tollens (née en 1990 à Stockholm, vit et travaille à Paris) étonne déjà par son parcours atypique et la maturité de sa production. Si elle se destine tout d’abord au droit international, Rebecka, après une mission humanitaire au Ghana et un road-trip de cinq mois en Amérique du Sud, change radicalement de voie en 2011 pour se lancer dans des études d’illustration à Paris. Pas vraiment à l’aise avec le formatage souvent imposé par les premières années de ce cursus, elle développe très vite ses propres projets, réalise des pochettes de disques pour ses compatriotes Say Lou Lou, collabore avec Lisa Alma, crée des affiches pour Aurora ou le groupe Grand Blanc, tout en s’essayant à l’auto-édition.
A la faveur d’un stage en 2013, Rebecka rencontre Effi Mild et Laurent Zorzin, les fondateurs de la galerie Arts Factory, alors sur le point d’ouvrir leur nouvel espace de la rue de Charonne. Ces infatigables têtes chercheuses repèrent au détour de carnets de recherches les bases d’un univers singulier et l’encouragent à mettre de côté les contraintes liées à l’illustration, pour évoluer vers un dessin plus personnel. Peu à peu les idées jaillissent, les croquis s’enchaînent, gagnent en profondeur et les deux galeristes programment la très remarquée exposition « Viens ! » au mois de mars 2015, alors même que Rebecka est encore étudiante, terminant un Master à l’Ecole de Condé.
Des fêlures de l’enfance à l’inconstance des hommes, Rebecka Tollens livre un regard lucide et sans concession sur son éducation, l’apprentissage du désir féminin, les rapports amoureux. De repas de famille surréalistes en relations sans lendemain, ce quotidien parfois douloureux, souvent cocasse, est dépeint avec un féminisme largement assumé et revendiqué. Exécutés à la mine de plomb et portés par un indéniable sens de la composition, les sujets abordés sont adoucis par d’oniriques paysages, réminiscents de ses années passées en Scandinavie.
Laurent Zorzin, Arts Factory