Se réveiller dans le corps d’un autre, un meurtrier, un monstre, une sainte? Possédés par le génie ou la bêtise, notre défaillance livrée en pâture à la chimie… En définitive, nous sommes cuits !

En 2009, après la naissance de sa fille, Leyla Goormaghtigh subit une première crise de décompensation psychotique, puis est diagnostiquée bipolaire. Le très haut (manie, illuminations) et le très bas (dépression, ruminations) font alors partie de son quotidien pendant six années, par attaques répétées et incontrôlées, balancement continuel de plusieurs réalités traversées de visions mystiques et d’hallucinations cauchemardesques.
En 2016, l’artiste parvient en quelques semaines à rendre compte de ces visions, conservées en secret jusque-là par une série de dessins au crayon gris et de couleur. Ce processus évolue ensuite sur presque trois années, d’autres dessins venant petit à petit s’ajouter au corpus initial, et des sujets empruntés à l’histoire de l’art, au cinéma, à la poésie. L’auteure s’attèle à la tâche avec ténacité pour rendre justice à son trouble et tenter de s’en libérer peu à peu. Le besoin de raconter son expérience de manière intelligible lui fait explorer le langage de la bande dessinée, puis l’écriture de textes s’impose. La délicatesse du crayonné côtoie le monstrueux. L’anecdote, le paysage fantastique. Le présent, l’ailleurs absolu.
Je suis la nuit témoigne ainsi des frissons ressentis au creux de l’angoisse quand tout bascule dans l’infinie pauvreté. Mais c’est aussi une façon d’apprivoiser l’élément brutal de l’existence – l’auteure entrevoyant la possibilité que ce livre puisse parler de nous, de nos frousses communes –, une façon de donner sens à l’insensé, rationaliser l’incongru, traduire en définitive l’autre dans le langage du même.
Née en 1976 à Genève, Leyla Goormaghtigh obtient une Maturité en arts visuels au Collège Voltaire en 1996 puis un diplôme d’illustration à la HEAR (Haute école des arts du Rhin) de Strasbourg en 2002. De 2006 à 2012, elle s’associe à l’artiste Ann Guillaume à Paris, avec laquelle elle expose en France et à l’étranger. De retour en Suisse, elle enseigne le dessin d’observation et de perception, à Berne puis à Genève. Son trait se libère peu à peu de toute attache… En 2003, elle obtient le Prix graphique de l’Institut international Charles Perrault de Paris; en 2004, la Bourse Fondation Simón L. Patiño de la Ville de Genève pour une résidence à la Cité des arts de Paris. En 2008, elle obtient l’Aide à la première exposition personnelle du Centre national des arts plastiques de Paris et entre dans les collections publiques du FRAC Haute- Normandie à Rouen. En 2015, elle est finaliste du Prix du dessin contemporain de l’Institut national genevois. En 2018, elle reçoit la Bourse d’aide à l’illustration du livre de la Ville de Genève pour son projet Je suis la nuit.
120 p.

WREK The Algorithm! - Aarnoud Rommens, Olivier Deprez
Piano - Joseph Charroy
Fournitures - Julien Gobled
Gros Gris n°4 - Duel
Idoine & Antonin Giroud-Delorme
Pas vu Pas pris - Collectif, Olivier Deloignon, Guillaume Dégé
La typographie des Penguin Classics - Andrew Barker
Untitled (Comic Book) - Frédérique Rusch
Mise en Abyme - Yelena Yemchuk
Le lacéré anonyme - Jacques Villeglé
Les soleils qui tournent ont des oreilles - coll.
In The Navy - Julien Kedryna
Crise de foie - Christine Demias
Six Months - Nathalie Ghanem-Latour
Pureté et impureté de l’art. Michel Journiac et le sida Antoine Idier
Dernier royaume - Quentin Derouet
love forever - Victoria Hespel
Berlin Khaltura - Iliazd
Escape - Makiko Minowa
Perturbations - Rosaire Appel
Pause - Coll.
Betty Tompkins - Raw Material
Email Diamant - Fabienne Radi
Je ne peux pas ne pas - Geneviève Romang
twen [1959–1971]
La Bibliothèque grise - Jérôme Dupeyrat & Laurent Sfar
Les oiseaux - Lola Raban, Jean-René Etienne
À partir de n°1 - Coll.
Marginalia - Clément Laigle
Objets Minces - Collectif 









