En s’intéressant à la forêt de signes qui s’entrelace à l’expansion horizontale et verticale de la ville, Fabrice Schneider cherche à révéler ce que les façades ou les coins de rues peuvent révéler d’une société, de son économie, de ses conflits et de sa psychologie. Les photographies rassemblées dans Hors-Sol ont été réalisées dans les différentes villes où l’artiste a vécu ou séjourné entre 2013 et 2019 : Paris, Bruxelles, Bilbao, Malaga, Chamonix.
Par exemple, on y trouve en abondance des représentations de l’escalade, utilisées dans des contextes publicitaires et entrepreneuriaux afin d’illustrer une certaine idée de la réussite, de la performance et du dépassement de soi. Ce type de représentation, parfaitement intégrée au système capitaliste, façonne largement notre imaginaire. Aussi, il est intéressant d’observer comment le graffiti s’approprie dans la ville la dynamique d’ascension propre à cette activité sportive montagnarde réservée à une classe sociale plutôt privilégiée. Les valeurs confondues des self-made men de tous types – jeunes cadres ou graffeurs – et leurs trajectoires individualistes se télescopent à l’horizontalité triviale des dispositifs anti-SDF et du trottoir.
Éclairant les enjeux du travail de Fabrice Schneider, un texte de l’historien de l’art, écrivain et éditeur Piero Bisello participe à cette dialectique active dans le projet éditorial en opposant le langage écrit à la longue séquence d’images dénuées de légendes et de commentaires.
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In Hors-sol, Fabrice Schneider takes an interest in the relationship between the horizontal and vertical dimensions of a city. He tries to show what facades and street corners tell about the urban society, its economy, its conflicts and psychology. The photographs collected in Hors-Sol were taken in the different cities where the artist lived or stayed between 2013 and 2019: Paris, Brussels, Bilbao, Malaga, Chamonix.
Hors-sol focuses on the representation of climbing in advertising and business when it is used to illustrate success, performance, and pushing one’s limits. This representation, perfectly integrated in the capitalist system, shapes our imagination deeply. The book also observes how urban graffiti exploits the idea of ascension specific to mountain sports that are reserved to the privileged. The concept of the individualistic self-made man, from the young executive to the graffiti artist, is shown to collide with the horizontality of anti-homeless devices and sidewalks.
A text by art writer and editor Piero Bisello delves into Fabrice Schneider’s work in Hors-sol, proposing a further dialectic between written language and the long sequence of images devoid of captions and comments.