En invitant chaque membre du collectif à passer deux ou trois semaines avec lui dans son atelier de sérigraphie perdu dans les Pyrénées, Néoine Pifer pose le cadre de cette série de publications. Chaque édition parue à l’issue d’une de ces sessions revêt ainsi nécessairement le rôle de trace, témoignant d’un moment de création commune dans un lieu particulier. Hideous, le deuxième opus de la série, a été réalisé en septembre 2017 avec Thomas Perrodin.
HIDEOUS est la suite d’un travail de recherche autour de la sérigraphie sans procédé d’insolation amorcé avec le livre « Astral Disaster » par les mêmes auteurs, en 2013, travaillant à même le cadre au bouche-pore.
Il ne s’agit plus ici de voyage intersidéral coloré mais bien de plonger le lecteur dans les tréfonds de l’univers étrange et torturé du romancier du début du XXe siècle H.P. Lovecraft. Toutes ces créatures sont évoquées sous la forme d’un bestiaire avec un rendu se rapprochant de vieux clichés photographiques en noir et blanc et jouant sur des effets mats et brillants.
« Jamais je ne pourrai décrire telle que je la vis cette hideur innommable qui baignait dans le silence absolu d’une immensité nue. Il n’y a avait là rien à écouter, rien à voir, sauf un vaste territoire de vase. »
H.P. Lovecraft (« Dagon »)
« Dès que j’approchai de la Cité sans Nom, je compris qu’elle était maudite. Traversant au clair de lune une affreuse vallée desséchée, je la voyais de loin, dressée au milieu des sables, comme un cadavre émergeant d’une fosse mal faite. La peur suintait des pierres, usées par le temps, de cette vénérable survivante du déluge, cette aïeule de la Grande Pyramide ; une aura invisible me repoussait et m’engageait à fuir les antiques et sinistres secrets que nul ne devait connaître, que nul devant moi n’avait osé pénétrer. »
H.P. Lovecraft (« La cité sans nom »)