«Graver son nom, son amour, une date, sur le mur d’un édifice, ce “vandalisme” ne s’expliquerait pas par le seul besoin de destruction. J’y vois plutôt l’instinct de survie de tous ceux qui ne peuvent dresser pyramides et cathédrales pour laisser leur nom à la postérité». Brassaï
Pablo Tomek est artiste peintre, il vit et travaille à Paris. Il a toujours rejeté le label du Street Art pour définir son travail. Entendu aujourd’hui avec les réseaux sociaux, la presse grand public, les maisons de ventes aux enchères, le mouvement évoque dans l’imaginaire collectif une forme de mauvais pop art, kitsch et inoffensif. Pablo Tomek, lui, vient du graffiti, une démarche cryptée, sournoise, risquée, clandestine. Un milieu où il a fait ses armes en cassant les codes, avec ses camarades du groupe PAL.
Geste primitif de peinture, le travail d’écriture et de la signature fait partie intégrante et fait œuvre de ciment dans l’évolution artistique de Pablo Tomek.
Gribouillages pour certains, prouesses calligraphiques pour d’autres, les signatures de Tomek flirtent avec l’illisibilité, dans un équilibre instable entre l’inscription, la figuration et l’abstraction. Ses tags deviennent moustiques, bateaux, coraux; ils s’écrasent, se dilatent, s’aplanissent ou s’allongent. Ils sont grandiloquents, peureux, avancent ou bien reculent, selon l’état du scribe, ses images mentales, ses outils ou encore la nature de son support et de son point d’appui.
À travers des centaines de photos argentiques et numériques, des captures vidéos et des dessins, Guten Tag témoigne d’une sélection des inscriptions vandales réalisées entre 2019 et 2023 par Pablo Tomek, à Paris et ailleurs. Les souvenirs de ces dégradations volontaires sont prolongés d’une série de poèmes de Skubb.