
Le magazine lancé Dot Dot Dot s’est toujours mis à dos certaines factions de la communauté des graphistes. Bien qu’il soit sans aucun doute simplement un magazine dédié au graphisme, Dot Dot Dot a toujours défendu l’idée que le graphisme était lui-même *dédié à* – ou du moins inséparable de – tout contenu qu’il pouvait être amené à exprimer. Avec cette affirmation ingénue, il est devenu, sans nécessairement essayer, un magazine dédié aux sujets potentiels du design graphique. Un magazine potentiellement dédié à tout et n’importe quoi, donc ! Le dernier numéro de Dot Dot Dot a été publié en 2010. La publication qui lui succède, Bulletins of The Serving Library, a continué à élargir son champ éditorial.
Au cours de ces vingt années de publication, ses éditeurs ont amassé une collection considérable de près de cent objets apparus au fil des magazines. Les contenus de cette collection sont de nature variée, tant en termes de format que de projet : ils vont d’images de commande pour des articles à des œuvres d’art relevant d’historicités particulières, de positions et de praticiens d’importance. À l’automne 2020, cette collection a déménagé dans une annexe de l’artist run space 019 à Gand, dans la perspective d’y être installée à long terme comme un espace propice à l’enseignement, riche de connexions qui mènent au cœur et aux marges de l’histoire et de la pratique récentes du design graphique.
nº 32 — Un graphiste illustrateur : Bráulio Amado. Auteure : Manon Bruet
Écrire à propos d’une personne que l’on n’a jamais rencontrée, c’est en quelque sorte mener une enquête. Le travail préparatoire consiste à collecter des mots (les siens, ceux d’autres), des images, parfois des sons, qui sont autant d’indices permettant de se projeter, de formuler des hypothèses. En somme, c’est tenter de comprendre et de reconstituer au fil du temps une personnalité, une pratique, et finalement un territoire. Mon enquête sur Bráulio Amado commence en janvier dernier, par l’acquisition de son ouvrage 2018 sur le site de l’éditeur portugais Stolen Books. Elle se poursuit ensuite sur plusieurs mois, durant lesquels je me trouve tour à tour transportée dans les sous-sols de clubs, dans les scènes musicales lisboètes ou new-yorkaises, puis au sein des colonnes d’un hebdomadaire américain consacré à l’économie, pour terminer au cœur d’une certaine relation entre l’historique affichiste et le très actuel graphiste-illustrateur.
nº 33 — Formes ligneuses et tentaculaires : Plantes mangeuses d’hommes et invasions décoratives. Auteur : Camille Pageard
Au cours du XIXe siècle, un nouveau genre littéraire parcourt l’Angleterre. Le roman gothique s’empare de thématiques qui alimenteront l’imaginaire des productions culturelles modernes occidentales. Des esprits malfaisants, des corps abjects, des émotions exacerbées et une nature déréglée deviennent les protagonistes de représentations extra-rationnelles. Au sein de ce nouveau courant se développe un sous-genre où une végétation hostile tue et dévore les hommes à coup de lianes et de racines tentaculaires, de parfums empoisonnés et de gueules épineuses. Le goût littéraire pour l’horreur conduit à un nouveau « plaisir de l’œil » déployé par les illustrateurs sur les planches et les couvertures des livres. L’invasion des images au XIXe siècle est ainsi aussi celle de l’envahissement par une nature hybride moins pacifiée et régentée que ne le laisse entendre l’histoire de l’ornement.
nº 34 — Un prix : Qu’est-ce qu’un plus beau livre ? Auteur : Thierry Chancogne
C’est au siècle des Lumières que l’esthétique s’autonomise, que le Beau se détache du Bien et de l’Utile comme accès libre au sens, à la vérité. Et l’on peut se demander si, à partir de la révolution industrielle, le design du dessin à dessein n’a pas dans une certaine mesure repris le flambeau des techniques appliquées de l’Ancien Régime de l’art de faire et de la beauté. Qu’en est-il dès lors du qualificatif de « beau » appliqué à la typographie comprise comme art de la mise en forme des livres depuis 1943 et la mise en place du « Prix des plus beaux livres suisses » sous l’impulsion du fameux Jan Tschichold ?

L’île de Reil - Karine Portal
Le lacéré anonyme - Jacques Villeglé
Tropical Reading: Photobook and Self-Publishing
Party Studies – Vol. 2 – Underground clubs, parallel structures and second cultures
Un essai sur la typographie - Eric Gill
Janitor of Lunacy - Bryan Campbell
Village - Julie Safirstein
Syrtis Major - Barbara Meuli, Antoine Fischer
Prélude - Julien Gobled
Before Science - Gilles Pourtier, Anne-Claire Broc'h
Fluent - Laëticia Donval
Party Studies – Vol. 1 – Home gatherings, flat events, festive pedagogy and refiguring the hangover
Green (or moles on a golf course) - Aslak Gurholt
Gnose & Gnose & Gnose - Aymeric Vergnon-d'Alençon
Les Grands Ensembles - Léo Guy-Denarcy
Norovirus - Orgie en mers chaudes - Claude Grétillat
Tableaux fluo - 2013-2016 - Nina Childress
Grilles - Zelda Mauger
Acteurs d'un film gravé. Docteur A. Infirmier O. - Annabelle Dupret, Olivier Deprez et Adolpho Avril
She is warm - Iringo Demeter
Saint Julien l'hospitalier Tome 1 - Claire Pedot
Le déclin du professeur de tennis - Fabienne Radi
Illusive prosody - Alex Beaurain
The Shelf - Journal 3
Aurore Colbert - Marie Mons
HARTES BROT - Moritz Schermbach
52 vendredis — Léonore Emond, Damien Duparc, Yaïr Barelli et Charlotte York
Retour d'y voir - n° 1 & 2 - Mamco
Deep state - Mathieu Desjardins
UPO 1 - Earth Art - Rejane Dal Bello 









