Réedition du texte « Faire place » et éditions de deux nouveaux textes sur le concept de durable et d’habitude. De l’expérience privée, l’homme moderne peut se dire pauvre. Son monde est socialisé de part en part. Au-delà du principe de plaisir, sa personnalité – ce qu’il peut éprouver comme « sien » et comme « soi » – se constitue d’un certain vide qu’il n’y a pas de nécessité à nier. Une place est en fait devenue vacante dans l’économie contemporaine, celle des biens. S’opposant à ce qui avait cours autrefois, la conscience de l’époque ne se lie pas à la durée des propriétés d’antan. Le durable est devenu une terre d’ancrage pour les illusions. Se le proposer comme perspective, c’est se condamner à une féroce guerre contre la puissance de progrès lovée au coeur des techniques qui font les vies humaines. Pour que les générations à venir puissent être heureusement de leur temps, il convient que celles d’aujourd’hui sachent faire place, qu’elles pensent moins à la durée qu’au sens des espaces vides et qu’elles s’autorisent à envisager la fin des habitudes fermant depuis trop longtemps leur esprit à toute hypothèse d’économie en croissance créatrice. C’est le sens même de ce mot – « économie » – qu’il y a lieu de discuter sérieusement. Table des matières 1. faire place (remarques sur la qualité d’une certaine pauvreté moderne) 2. remarques critiques sur le durable et la précaution 3. La fin des habitudes.
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