Entretien 1.
Solenn Morel — Ubac, c’est quoi ?
Simon Boudvin — La face sombre d’une montagne.
S.M. — À l’ombre ?
S.B. — Le côté le moins spectaculaire.
S.M. — Où on trouve des choses cachées.
S.B. — Ou rangées.
S.M. — Comme dans l’arrière cour d’une maison.
S.B. — Oui. Avec le fourbi.
S.M. — Avec tout ce qui nous encombre.
S.B. — Ou ce à quoi on tient.
S.M. — Des objets précieux.
S.B. — Ou ordinaires. D’où les échelles.
S.M. — Il n’y aura que des échelles dans l’expo ?
S.B. — Oui.
S.M. — Rien d’autre ?
S.B. — Si. un livre.
S.M. — De photographie ?
S.B. — Oui, des échelles croisées dans les vallées de Bardonecchia à Embrun.
S.M. — L’une d’elles aide à passer le col.
S.B. — C’est ce que j’ai découvert.
S.M. — Mais tu as aussi apporté des briques…
S.B. — Ah c’est vrai ! On en présentera un tas.
S.M. — Tu ne crois pas que c’est trop peu ?
S.B. — C’est beau une échelle.
S.M. — Oui. J’en ai vu une vieille sur une grange.
S.B. — C’est très graphique, simplement au mur.
S.M. — Ça s’adresse aussi au corps.
S.B. — Et à l’espace. Même seule, elle te rappellera la grange.
S.M. — Ou un paysage.
S.B. — L’ubac.
photographies : Simon Boudvin
texte : Thomas Giraud
traduction : Rossella Gotti
Exposition au centre d’art Les Capucins, Embrun, commissariat Solenn Morel, 2018.
15 échelles empruntées, 1 livre, 900 briques.