Les avancées technologiques et scientifiques nourrissent souvent les fantasmes, des plus humanistes et utopiques aux plus anxiogènes et funestes. Elles provoquent des mutations radicales sur les sociétés humaines ainsi que leurs environnements et l’incroyable accélération actuelle soustrait le temps nécessaire à leur intégration et à tout espoir de maîtrise. L’hyperactivité et la névrose guettent l’Homme, avec le sentiment de ne plus avoir le temps, et peut-être même l’énergie
nécessaires pour s’adapter.
Désarmés de leur capacité à être – ou se croire – potentiellement maîtres de leur destin, nombre d’individus basculent alors dans le désarroi et la peur. Cette projection désastreuse semble d’ailleurs trouver catharsis en de multiples divertissements populaires : jeux vidéos, escape games, zombie walks, films et séries dont les scénarios précipitent souvent une poignée de protagonistes survivants dans un décor apocalyptique suite à une attaque bactériologique ou écologique, et qui, dans les cas les plus extrêmes, débouche sur une prolifération de morts-vivants.
Hormis ces visions spectaculaires et souvent pessimistes, il est possible de sublimer ou de questionner autrement les sciences. L’ouvrage que vous tenez entre vos mains regroupe des œuvres artistiques et littéraires qui ont en commun de proposer des sujets ou des formes que l’on pourrait aisément imaginer sur la paillasse de chercheurs scientifiques. Les auteurs, ici, se confrontent aux technologies, aux sciences et à leurs incidences. Ils se rêvent parfois astronautes, modélisateurs, électroniciens, voyageurs interstellaires, acousticiens ou bien encore astrophysiciens et abordent la question de points de vue variés et complémentaires.
En d’autres termes, le projet Science Friction, qui prend la forme de deux expositions et d’une édition, s’intéresse à la collision, aux résonances et aux frictions entre science, art et design, entre anticipation, dystopie, recherche et création contemporaine. Les œuvres sélectionnées sous l’initiative de la galerie My monkey ravivent de façon singulière l’héritage de Léonard de Vinci, 500 ans très exactement après sa mort (le 2 mai 1519), un homme qui embrassait en même temps les champs de l’art, de la science et de la philosophie.
Textes de Thibaut Hofer, Valérie Leclercq, Samuel Nowakowski et Marianne Vieulès & Fabien Zocco.
Artistes : Lise Couzinier, Luc Doerflinger, Étienne François & Carine Klonowski, Thibault Proux & Bruno Kervern, Aurélie Pertusot, Marie Quéau, Charlie Rondel, Marianne Villière et Fabien Zocco.