Edité et traduit de l’anglais (américain) par Lionel Bize, Laura Daengeli, Christian Indermuhle, Christine Ritter et Thibault Walter.
L’écriture radiophonique accomplit, fausse et manipule deux séparations essentielles – le fait d’isoler l’événement acoustique du temps et de l’espace dans lesquels il s’est produit, et le fait d’isoler un énoncé de l’immédiateté physique de celui qui énonce. Le plaisir d’un texte radio réside dans une sorte d’interruption merveilleuse ; « interruption » qui introduit quelque chose qui n’arrive jamais vraiment, « merveilleuse » parce qu’il n’y a en elle rien de nécessaire.
Gregory Whitehead a créé plus d’une centaine de pièces radiophoniques, d’essais et d’aventures acoustiques pour la BBC, Radio France, Deutschlandradio, ABC Australie, NPR et autres. Entrelaçant les matériaux documentaires et fictionnels dans des récits malicieusement irrésolus, l’esthétique de Whitehead se distingue par son engagement envers la radio comme médium de navigation poétique et d’association libre. Dans ses oeuvres vocales et texto-sonores, il explore la tension entre une forme de pulsion continue et l’irruption de discontinuités soudaines, ou encore entre l’entropie et la décomposition linguistique.