Entièrement basé sur le travail d’Armin Linke, Accattone n° 5 explore la photographie en relation avec l’architecture majeure des institutions publiques et privées, l’œil photographique mettant au jour l’ambiguïté des représentations architecturales du pouvoir.
L’infrastructure de l’Empire romain, l’Athènes néoclassique, le siège des Nations unies, les environnements corporatifs néolibéraux et les fragiles institutions européennes à Bruxelles : les monuments sont soigneusement façonnés pour exprimer des ensembles déterminés de codes esthétiques et de valeurs politiques, matérialisant leur dimensions prétendument éternelle et totale. La photographie peut remettre en question le pouvoir de ces représentations en faisant apparaître les ratés qui leur sont inhérents, leurs failles et les ambiguïtés du quotidien. Elle peut reprogrammer l’architecture.
Accattone explore les pratiques mineures en matière d’art et d’architecture à travers les moyens spécifiques du magazine imprimé. En tant qu’exposition sur papier, chaque numéro rassemble des contributions dont les positions communes à l’égard de la réalité, de l’histoire et de la représentation résonnent les unes avec les autres.
Dans le paysage actuel des publications non commerciales, l’originalité d’Accattone réside dans la forte orientation visuelle et dans l’articulation étroite des méthodes, des dispositifs éditoriaux et des contenus présentés. À travers ces expériences, croisant les méthodes des artistes-iconographes avec les pratiques architecturales émergentes, Accattone aborde de manière critique un aspect fondamental de la pensée et de la pratique : le document de travail et l’évolution du statut de l’image.
Périodique annuel, auto-édité à Bruxelles par deux architectes (Sophie Dars & Carlo Menon) et deux graphistes (Ismaël Bennani & Orfée Grandhomme), Accattone a acquis une reconnaissance et une diffusion internationales dans des contextes aussi bien professionnels qu’académiques.
Artiste photographe et cinéaste, Armin Linke (né en 1966 en Italie, vit et travaille à Berlin) combine différents médiums pour brouiller les frontières entre fiction et réalité, développant des installations multimédia à partir d’une vaste archive sur l’activité humaine et les paysages aussi bien naturels qu’artificiels.