On est frappé par l’ironie douce de cette approche de l’appareil artistique, long labyrinthe blanc marqué par l’empreinte de l’absence, plongée angoissante et onirique dans les coulisses d’un décor dont on peine à s’extraire. Murs mis à nu et gobelets froissés, la résonance du vide nous parle et livre, à la manière d’un flip book, une petite vague scélérate à chaque traversée. La neutralité et la simplicité de la démarche d’Antonin nous agace autant qu’elle nous fascine et questionne par là même la fabrique de l’art contemporain.
Paris, grande verrière du Grand Palais
« Je suis seul à présent et je marche le long des allées,
sillons de murs vides à perte de vue, dessinant des chemins
sans destination, aboutissant à des impasses. »
« Sur chaque panneau, à une hauteur d’un mètre soixante‑dix
environ, un ou deux trous, parfois plus. L’arrachage a fait
gonfler le plâtre et la peinture sur leur circonférence, formant
de petits cratères. Je m’approche, de ces orifices émane une
présence et une absence, je m’approche encore, mon œil
presque collé à la circonvolution, mes cils effleurent la surface,
ma paupière cligne. »
Antonin Detemple est photographe, il a réalisé ce reportage alors qu’il travaillait en qualité de manutentionnaire au démontage de la FIAC. Diplômé en 2016 à l’IsdaT (Toulouse), son travail s’attache au concept de mouvement. Les formes qui se dégagent : installations, sculptures, images fixes ou animées, édition, cherchent à faire circuler des sujets de périodes et de géographies
variées. Fasciné par les constructions holistiques, il cherche à animer des gestes à priori simples, mais chargés de strates et de significations variées.
couverture à rabats sérigraphiée
320 p.