Agir en dehors de ces passations de pouvoir, d’une cooptation d’usage, c’est prendre le risque d’une possible délégitimisation. Agir à la lisière, prendre un autre point d’observation, n’est donc pas sans risques — dans une logique territoriale — mais doit être un absolu dans un contexte global. Lorsqu’à la seconde édition de la Biennale internationale de design graphique, en 2019, nous avons traité d’invisibilisation avec Silvia Baum, Claudia Scheer and Lea Sievertsen [Not a Muse], de la question post-coloniale avec Jonathan Castro, des transformations du capital, de la répercussion sur l’économie d’une discipline avec Tereza Ruller [The Rodina], de l’engagement avec Teresa Sdralevich, nous avons trouvé bien plus d’allié·e·s que d’amateurs d’un « Bingo du Male Tears ».
En ouvrant cette première publication périodique et en l’intitulant « A feminist Issue » autour de la figure d’Anja Kaiser, il s’agit de traiter de design graphique dans une perspective féministe, collaborative et de coconstruction. Perspective à laquelle se sont adjoints Anna Jehle, Juliane Schickedanz, Fabrice Bourlez, Loraine Furter. Le titre de ce présent volume en sous-entend un autre, tel « An Other Feminist Issue » succédant à « Another Feminist Issue », tant les voix sont nombreuses, et nécessitent que l’on s’y attarde avec attention, et précision. Le Signe Design [LSD], dessiné par officeabc, – périodique d’une plateforme de production, de diffusion, de soutien à la création, de dialogue et de médiation entre le champ artistique du graphisme et les publics qu’est le Centre national du graphisme –, est moins un objet de communication qu’un terrain d’étude investi.
Jean-Michel Géridan