Limite de mon champ visuel, l’horizon me lie au monde et à autrui. Il est là-bas, mais cette limite n’est pas objective. Et pourtant, combien de fois ai-je l’impression que je pourrais m’en approcher, le toucher, passer au-dessous ou au-delà ? C’est dans un sens presque tangible qu’il faut aborder l’horizon. S’il est fabuleux et imaginaire – si nul ne peut le rejoindre –, il n’en constitue pas moins un repère stable pour les premiers astronomes, un guide pour les navigateurs et une assise vers laquelle se tournent les cosmonautes. Dans les sciences comme dans les arts, il constitue un instrument essentiel et paradoxal pour penser les rapports entre la terre et le ciel. Tantôt ligne, tantôt cercle, ouverture ou clôture, support du point de fuite ou lieu chimérique, marque du fini ou résonance de l’infini, limite enveloppante ou abîme vertigineux, les aspects apparemment contradictoires de l’horizon nous obligent à nous demander quelle est son unité. Le présent ouvrage montre, à travers le rôle qu’il a joué dans des champs aussi différents que l’astronomie, l’histoire des grandes découvertes et la représentation de la perspective, comment il a servi d’appui dans la construction du monde.
Historienne de l’art et philosophe de formation, Céline Flécheux est maître de conférences en esthétique à l’université Paris Diderot – Paris 7.