Essai traduit de l’allemand par Philippe et Françoise Buschinger
Introduction de Robin Kinross
L’ouvrage emblématique de Tschichold, La Nouvelle Typographie (1928) est un véritable manifeste pour la modernité, analogue dans son domaine au livre du Corbusier Vers une architecture. Prenant la forme d’un manuel, l’auteur y fait table rase de la typographie ancienne qui ne trouve grâce à ses yeux que dans son contexte historique, maintenant dépassé.
Pour concevoir son histoire de la typographie, Tschichold s’est d’abord tourné vers l’art moderne. Pour lui, l’ancienne ère, centrée sur l’individu, a laissé place à une nouvelle époque, celle de la reproductibilité et de la dissolution de l’art dans l’architecture et autres formes directement publiques. La vie ainsi bouleversée, mécanisée, urbanisée, accélérée, le centre de gravité s’est déplacé vers le social et le collectif. Il s’agit d’en prendre acte.
Les idées et le langage utilisés sont caractéristiques des textes modernistes de cette époque. Cette révolution agit comme une lame de fond dans tous les domaines de la création, de la nouvelle architecture au théâtre politique de Bertolt Brecht, du mobilier tubulaire au cinéma de Dziga Vertov et jusqu’à la littérature. Les avant-gardes ; les futuristes, le mouvement Dada, le mouvement De Stijl, les constructivistes russes, le Bauhaus dessinent une véritable constellation internationale dont s’abreuvent les nouveaux typographes autant qu’ils y apportent leurs contributions.
Jan Tschichold (1902-74) a travaillé comme typographe et enseignant en Allemagne, en Suisse et en Angleterre. Il fut internationalement connu en 1925 avec la publication de la Typographie Élémentaire et pour le renouvellement de la ligne graphique de Penguin Books.
272 pages