Figure centrale des avant-gardes artistiques des années 1960 à New York, Jill embrasse son lesbianisme après les révoltes de Stonewall de 1969. Si son écriture de critique se laisse contaminer par les œuvres qu’elle observe pour dévier vers des formes expérimentales, son écriture d’écrivaine-lesbienne vibre, tremble, rit, tournoie, saute, détonne. Elle prolonge les gestes chorégraphiques qui l’ont marquée et les entraîne dans des espaces politiques et collectifs. Ça fait splash, la langue de Jill éclabousse les rives de l’art et du militantisme.
Traduits par Pauline L. Boulba, Aminata Labor, Nina Kennel et Rosanna Puyol Boralevi, les textes sont introduits par Pauline L. Boulba, accompagnés par les dessins d’Aminata Labor ainsi que par un article et un entretien avec Clare Croft.
« Je sors de l’eau. Bord qui glisse. Jill tombe pour la seconde fois. Scull attend impatient avec sa grande serviette jaune et ravie je me dis que c’est mon entraîneur et que j’ai gagné la course. Je contourne la haie vers les arbres. Une lady en robe longue se cache dans les buissons. POURQUOI T’AS FAIT ÇA ? Genre vraiment furieuse. (…) Tu manifestais ? Oui. Es-tu une femme… ? Oui. Est-ce que tu faisais partie du Complot des Redstockings pour Saboter cette Fête ? Oui. Tu frimais ? Oui. Es-tu une lesbienne radicale ? Oui. Est-ce que tu apprécies les Scull ? Bien sûr. Estce que c’était l’idée de M. Scull ? Non. Il n’a ni soutenu ni découragé la démonstration mais j’ai bien eu l’aval de mon éditrice. POURQUOI t’as fait ça ? Eh bien… Je crois qu’on doit être sérieuxyses quant à nos buts mais pas forcément solennelyles. »