In The Navy – Julien Kedryna

Derrière la couverture d’In The Navy de Julien Kedryna – beau leurre minimaliste – se cache une suite d’images-nuggets grasses et gaies. Les « quinze photomontages sur un thème vaguement maritime » piquent les yeux par leurs contrastes. Ils suintent des collisions qui s’y opèrent, entre les clichés associés au ‘monde de la mer’ et les intrusions monstrueuses colorées d’un pop-psyché à bulles sous-marines.
Une huître perlière et un hippocampe doté d’une bouée de sauvetage ; un scaphandrier techno-disco complètement doré sur tranche sur son piédestal de sandwich ; des marins très gays, contents d’être là, jusqu’au bibendum, serrés comme des sardines dans leurs beaux uniformes tendus ; des poissons panés par bancs dans des décors d’aquariums de restos asiatiques… et dire que tout ce petit monde est aux ordres du redoutable Amiral Bacon, qui nous fixe de ses yeux louches de lardon insubmersible, bordé par sa Flotte ! Les hauts-fonds colorés, irisés – capables d’une beauté certaine – regorgent de visiteurs qui le sont moins (cf. le WC volant lance-flammes, le chien-chien ‘trop kawaï’, le Jeune de banquise, ou le coussin péteur/raie manta). Les télescopages accumulent par leur densité un absurde aux effets assurés sur le nerf vague. La progression du feuilleté augmente l’efficace des montages, jusqu’à la sidération qui fait rire.
Les mains collantes, les mirettes qui clignent, nous avons ‘fait un beau voyage’, quand nous avons passé le menu en revue, et que nous en arrivons au moment des sushis. Reste à digérer tout ça…