Des glaces de toutes sortes, joyeuses, rêveuses, mystérieuses, vénéneuses. Petits paysages plantés sur des bâtons ou des cornets gaufrés, traversés par quinze ballades crèmeuses et parfois glissantes.
«Lorsqu’elle dépose la couleur, c’est un moment de plénitude. Elle ne travaille qu’en présence, dans un état d’alerte. Alors elle lâche prise et sa main devient intelligente. Sous la caresse de son pinceau, certaines glaces sont tristes, lourdes ou timides ; d’autres s’offrent, épanouies et joyeuses…
(…) Il n’y a rien de gelé dans ces glaces. Elles parlent autant des émotions que du corps. En un mot, des humeurs. Ce sont nos salissures qui se laissent entrevoir dans ces taches d’eau. Elles peuvent avoir un arrière-goût de charogne baudelairienne. De faisandé et de sublime. Ce goût des vacances d’été aussi, en enfance, et des plages de la riviera italienne… Ce sont des pétards, des bombes puantes, des cornets surprises, des arcs-en-ciel et des aurores boréales.
(…) Ces glaces nous ressemblent. Elles veulent nous faire rire, nous faire peur, nous faire envie. Ce sont des clowns. Et bien sûr, elles sont sexuelles. Phalliques et femelles, hermaphrodites. On peut les lécher des yeux, on peut aussi les mordre, pour une sensation plus intense. La brûlure dans les gencives se communiquant à tout le système nerveux, faisant frissonner jusqu’à l’os. Fantômes, ruines, elles sont aussi réjouissance. C’est ainsi que Florence les a conçues: comme un «shoot» de plaisir. C’est ainsi qu’elle nous les offre.» Julien Burri
Né en 1980 à Lausanne, Julien Burri est écrivain et journaliste. Il a publié un récit (Poupée, 2009), des nouvelles (Beau à vomir, 2011), et un roman tête-bêche (Muscles, suivi de La Maison, 2014), chez Bernard Campiche Editeur. Il a également publié des recueils de poèmes et des livres d’artistes, dont Liber, avec la peintre Claire Nicole, édité par la Bibliothèque cantonale et universitaire de Lausanne en 2013. Il met en scène ses textes dans des performances avec le musicien et écrivain Stéphane Blok.
Née en 1969, Florence Grivel est historienne de l’art. Après avoir enseigné cette discipline à l’Ecole des arts appliqués à Vevey, elle devient responsable de l’Unité de théorie de l’ECAL (Ecole cantonale d’art, Lausanne) jusqu’en 2004. Depuis 2001, elle travaille comme spécialiste arts visuels dans divers magazines culturels de la RTS; depuis 2009, elle produit et anime les Matinales d’Espace 2. Auteure de fictions (Pulp! art&fiction, 2007; Fastfridge, Castagnééé, 2009; Conquistador, BSN, 2013), elle signe également des textes et des entretiens d’artistes, conçoit des expositions (Poya, François Burland, Musée gruérien de Bulle, 2012, Atomik Magik Circus, Festival Images Vevey, 2014); co-scénariste (La moto de ma mère (2003), Cœur animal (2010) pour la réalisatrice suisse Séverine Cornamusaz, elle se lance dans le «One woman chant» en créant Tour de chambre, autoportrait chantant en 2012. Depuis fin 2013 elle s’est lancée dans un travail d’aquarelles glacées.