Ce numéro de la revue How To Become explore des thèmes croisés: l’histoire du cruising d’un point de vue gouine / féministe et… Les vampires. Partant d’une figure littéraire et cinématographique qui s’adonne aussi librement que assidûment au cruising —la vampire— ce numéro explore l’histoire de lieux, réels ou utopiques, passés ou présents, qui accueillent les chercheur·euses de plaisir et prônent une approche féministe des sexualité dans l’espace public. C’est dans cette patiente recherche des corps et de leurs parties que les vampires croisent le cruising: flânerie à caractère sexuel, mélange des fluides corporels, avec ou sans promesse de vie éternelle, désir conscient ou non qui consentira ou non à la transformation.
Cet ouvrage rassemble les contributions de Félixe Kazi-Tani, Estelle Benazet Heugenhauser, Anna La Chocha, Lorca Coquelicot, Terri de la Peña, Nelle Gevers, sabrina soyer, Joyce Rivière, Mélanie Blaison, Slalomé·e, Barbara Sirieix, Samuel R. Delany, Lætitia Paviani, Martha Salimbeni, Eleanor Arnason, Rachel Schenberg, Növi Jacquet & Sophie T. Lvoff.
How to become est une maison d’édition autogérée basée à Paris, créée par un collectif d’artistes / écrivain·es gouines et féministes. Elle publie des écrits d’artistes et de la littérature expérimentale nés d’influences post-post-sapphiques. Elle s’articule autour des ateliers d’écriture et de traduction: *How to Become a Lesbian* et d’une revue.
Ce numéro c’est une traduction inédite en français de The Letters of Mina Harker de Dodie Bellamy par Lætitia Paviani, sabrina soyer & Mélanie Blaison. Un texte de Félixe Kazi-Tani sur l’émergence des sex-parties lesbiennes à la fin des années 90, depuis les après-midis des Maudites Femelles aux Play Parties organisées par FloZif. Des archives des Ladies’ Room, soirées goudou (devenant à quelques occasions des Ladies’ Back Room, oui oui), organisées par la légendaire Chocha, ponctuent les 190 pages de ce numéro. Une traduction de Lorca Coquelicot extra rouge du récit de vampires lesbiennes de l’autrice chicana Terri de la Peña intitulé « Refugio ». Une histoire d’activisme socio-politique, de vampires lesbiennes qui se transforment en animaux et voient la naissance d’une communauté des vampires à Los Angeles. Des dessins, photographies et relevés géologiques de Nelle Gevers & Giulia Longini relatant d’expériences de cruising dans des zones sauvages autour de Marseille. sabrina soyer investit la bibliothèque Fessart dans le 20ème à Paris, pour tourner un petit porno pédagogique basé sur la rencontre entre Violette Leduc et Simone de Beauvoir. Joyce Rivière explore la morsure et l’addiction au fist-fucking. Estelle Bénazet H. met en scène les déambulations d’une assemblée branleur·euses, de la bibliothèque au backroom. Mélanie Blaison observe des chien·nes qui se tournent autour. Slalomé·e présente un questionnaire / outil d’écriture élaboré autour des expériences vécues ou fantasmées du cruising lxsbien. Barbara Sirieix traduit une scène de cruising interespèce de Stars in My Pockets Like Grains of Sand, un roman de science-fiction de Samuel R. Delany. Lætitia Paviani traduit un des contes transgressifs aliens de Eleanor Arnason, où la Mort est une créature faite de merde et où Ala, la femme qui lui échappe cinq fois, se retrouve à errer, ni vivante, ni morte, toujours froide, toujours humide. Ces deux-là finiront par vivre sous le même toit pour l’éternité. Rachel Schenberg partage un extrait d’un texte sur l’attente, les salles d’attente et le vourdalak (un vampire russe mythique). Növi Jacquet parle d’un rapport complexe à un corps autiste, à un corps qu’on oublie, et des projections auxquelles une vision du cruising semblent soumettre ce corps-là. Sophie T. Lvoff raconte sa récente cruising experience dans le magasin Dyson d’un centre commercial, parallèlement à ses recherches obsessionnelles sur le procès d’Elizabeth Holmes, la disgraciée célèbre entrepreneure assoiffée de sang de la Silicon Valley.
[note de la collective how to become]