Si la refonte de l’enseignement supérieur liée au processus de Bologne a encouragé l’essor de la recherche en design dans les écoles d’art, cet intérêt préexistait au sein des agences de design promptes à produire des enquêtes sous diverses formes. Dans cet essai, Nicolas Nova synthétise les principales spécificités de ce type de démarches et démontre en quoi elles échappent aux canons académiques. En effet, la recherche en design est un champ en expansion, qui produit des connaissances sous des formes très variées : textes, dessins, prototypes, interfaces, etc.
L’auteur analyse le format de l’enquête comme étant au centre de nombreuses démarches de recherche en design – une enquête qui se nourrit des méthodes des sciences sociales et du journalisme, mais ne se cantonne pas au cadre disciplinaire, agrégeant et se réappropriant des notions issues de champs très divers. Plus que par une seule méthode, c’est par des questions de processus, de dispositifs et d’outils inventés spécifiquement que se distinguent ces enquêtes en design des enquêtes en sciences sociales. Ainsi ces recherches reposent souvent sur la création d’objets matériels, susceptibles d’éclairer des phénomènes, dont l’auteur présente une série d’exemples récents et originaux. Nicolas Nova considère que ces approches de la recherche en design rayonnent au-delà de leur champ d’élection. Elles influencent en effet les « sciences sociales créatives » qui cherchent à élargir leur panoplie de processus de recherche et de restitutions et ouvrent la voie à la recherche en art contemporain, elle aussi en phase d’essor.