Pour une exposition, Jean Otth rédige un texte étonnamment autobiographique. Il raconte ses premières émotions visuelles : « Ma fascination était pour ce que j’apercevais très haut, sur les sellettes de bois: des femmes d’argile gris foncé, blanches ou terre de Sienne brûlée selon l’avancement des travaux […]. La plupart étaient totalement nues mais d’autres étaient drapées à la manière des pudeurs espagnoles qui exacerbent leur mystère. » Véritable anamnèse du rapport de l’artiste à l’image qui aura mené Jean Otth de la peinture à son travail précurseur dans le domaine de la vidéo, ce texte intrique sa vie amoureuse et son dilemme entre représentation et non-représentation, entre image et peinture.
Avec une préface d’Alain Huck et une sélection de polaroids.
Jean Otth est né en 1940 à Lausanne. Après des études d’histoire de l’art et de philosophie à l’Université de Lausanne, il fréquente l’école d’art de cette même ville. Dès lors, toujours déterminée par une pratique de la peinture, sa trajectoire artistique se révèle étroitement liée à l’émergence des nouvelles technologies : l’un des pionniers de l’art vidéo en Suisse au début des années 1970, durant la décennie suivante il utilise l’informatique non seulement pour ses possibilités instrumentales, mais aussi pour ses dimensions esthétiques. Jean Otth a enseigné à l’École cantonale d’art de Lausanne de 1979 à 2002. Jusqu’à sa mort en 2013, il a poursuivi un travail qui, sous forme d’installations, mélange projection vidéo et réalité objectale, en explorant leur interaction.
132 pages + 1 cahier de polaroïds