Muñoz se penche sur la période des révoltes de Stonewall (1969) et analyse par exemple les œuvres de Frank O’Hara, Andy Warhol, Kevin Aviance, Samuel R. Delany, Fred Herko, LeRoi Jones/Amiri Baraka, Ray Johnson et Jill Johnston. À la théorie queer comme étude correspond une manière de chercher et d’écrire nouvelle, une forme d’hybridité entre la philosophie et les études culturelles. La critique est, comme par anticipation, contenue dans la pratique artistique et le quotidien contre-normatifs dont les récits, à la fois subjectifs et historiques, laissent deviner un advenir queer, lieu de transformations et de libération. Le texte, traduit par Alice Wambergue, est accompagné ici d’une préface d’Élisabeth Lebovici et d’un poème de Fred Moten.
« La queerness n’est pas encore là. La queerness est une idéalité. Autrement dit, nous ne sommes pas encore queer. Il se peut que nous n’atteignions jamais la queerness, mais nous la sentons comme la chaude lumière d’un horizon empreint de puissance. (…) Nous n’avons jamais été queer, pourtant la queerness existe pour nous comme une idéalité que nous pouvons distiller à partir du passé et utiliser pour imaginer un futur. (…) Malgré les représentations totalisantes de la réalité qu’impose l’ici et maintenant, nous devons nous efforcer de penser et sentir un après et ailleurs. »
José Esteban Muñoz
« Fabuleux, extraordinaires, nécessaires, le refus critique d’un pragmatisme queer par Muñoz, son engagement pour la force utopique de la tentative et de l’esthétique radicales, de l’expérimentation érotique et philosophique, sont indispensables à un moment historique caractérisé par la capitulation politique et la timidité intellectuelle qui se font passer pour du courage. »
Fred Moten