“Qu’est-ce que c’est que ça ?”, “C’est qui ce type ?” se demandait l’éditeur, il y a à peine plus d’un an, découvrant derrière son écran les premières planches dévoilées en ligne de Gabriel Hibert, jusqu’alors inexistant sur toutes les cartographies balisant le champ des bandes dessinées hors-norme. Quelques mois plus tard, Ce qu’est ce que prenait déjà forme, dans un élan d’urgence de partager la découverte de ce nouvel outsider prolifique, aussi précis et assuré que joueur, bordélique et un rien je-m’en-foutiste. Un paradoxe ?

Avec dans un coin de la tête les bandes dessinées populaires de son enfance, autant qu’un goût affirmé pour la bizarrerie et les pas-de-côté en matière d’art, toutes catégories confondues, Gabriel Hibert s’arme, fin 2022, d’une feuille de bristol A4 300 gr. Il y dessine un gaufrier conventionnel de six cases presque carrées, le photocopie en série, avant de se lancer dans l’aventure. Soupçonne-t-il alors qu’il s’apprête rejoindre une ébullition mentale, sensible, plastique et formelle qui occupe nombre d’auteurs et d’artistes depuis des décennies ? Les amorces sont souvent pulsionnelles : découper un bout de case dans un magazine, le coller, laisser dériver le trait alentour, y ajouter du crayon de couleur, des bribes de textes (humeurs, pensées fugaces, jeux de langue, inepties assumées, rebonds, répétitions…), se laisser prendre au plaisir du dessin de la lettre, toujours soumis à cette impulsion du tracer qui, peu à peu, contamine tout. Un virus. Au fil du temps, les planches s’architecturent, travaillent les échos graphiques, les rebonds, les ellipses, laissent surgir des titres, s’accumulent et commencent à “faire collection”. Pour finir par se décliner en diptyques, parce que dans un livre, les pages se font face et qu’il y a les potentialités d’une gémellité à exploiter.
On l’aura compris, le travail de Gabriel Hibert s’est établi selon une dynamique de spontanéité, de références, de vive attention aux élans et aux formes qui en découlent, de plaisir de voir émerger des systèmes cohérents (dans l’incohérence qui les a vu naître), d’amour de l’accident. Soit une accumulation de strates (temporelles, sensibles, matérielles, humorales, réflexives…).
Ce processus a peu à peu pris corps et s’est ancré autour d’un projet éditorial nommé Ce qu’est ce que, somme de 32 diptyques autonomes qui fait donc finalement album. Et cet album se révèle en prodigieuse surprise, en saisissant surgissement. Autrement dit : en événement.
64 pages couleurs
22,5 x 32 cm

LSD n° 04 – A manga issue
Le Gabion - Théo Robine-Langlois
Un cheval, des silex - Benoît Maire, Sally Bonn
Entretiens – Jérôme Dupeyrat
Norovirus - Orgie en mers chaudes - Claude Grétillat
Klima Pages #2 — Somptueuses Résidences
Gnose & Gnose & Gnose - Aymeric Vergnon-d'Alençon
Une généalogie des grandes oreilles - Lauren Tortil
Lucky Me - Eva Rotreklová & Jules Janssen
Fluent - Laëticia Donval
Mission Control - Emir Karyo & Jan Wojda
Anarchitecte - Olivier Verdique alias Alvar Le Corvanderpius
Le Choix du peuple - Nicolas Savary, Tilo Steireif
10 MINUTES Architects and Designers in Conversation
Email Diamant - Fabienne Radi
Harry Thaler's Pressed Chair
Piano - Joseph Charroy
Tools #04 – Couper / To Cut
Graphic Design Is (…) Not Innocent - Ingo Offermanns
Triptyque - Ronan Bouroullec
We want to look up at the Sun, but could the Sun be looking down on us? - Rudy Guedj & Olivier Goethals
UPO 2 - J'aimerai être là - Xenia Naselou
Typologie – La tente de camping
Capolavori - Livio Vacchini
Pause - Coll.
Holy Mountain - Maia Matches, Knuckles & Notch 





















