Nous vivons actuellement un paradoxe : là où la complexité réclame de relier des savoirs et des compétences pour élaborer des réponses sur mesure, la légitimité et le pouvoir sont donnés à des expertises spécialisées aux visions cloisonnées. Or, il est possible d’imaginer des formes d’organisation qui incluent les citoyens et placent le commun au centre de l’action publique, de mettre en place des processus démocratiques ouverts et des pratiques respectueuses de leurs contextes humains.
Aujourd’hui, des communautés, des villages, des villes ouvrent ces chemins non conventionnels, en prise avec les usages, les besoins et les préoccupations des populations. Il existe des expériences fragiles et inspirantes, à des échelles suffisamment tangibles pour que chacun puisse en percevoir les tenants et aboutissants. Réinterprétées ailleurs, rejouées dans d’autres circonstances, elles sont le terreau d’une réinvention de la politique et de la souveraineté citoyenne. L’expérience politique de Saillans dans la Drôme en est un exemple parlant, qui s’est édifié sur une volonté de transparence, de collégialité et de participation.